« Le Roi et l’Horloger », le tic-tac d’Arnaldur Indridason

Titre : Le Roi et l’Horloger
Auteur : Arnaldur Indridason
Editions : Métailié
Date de parution : 3 février 2023
Genre : Roman

Sous un titre qui s’apparente à celui d’un conte de fées, l’Islandais Arnaldur Indridason nous propose un sublime roman historique qui nous plonge au cœur du 18è siècle au Danemark et en Islande. Accrochez vos ceintures, ça va décapiter !

Dans Le Roi et l’Horloger, le roi en question est Christian VII, le souverain du Danemark depuis 1766. Quant à l’horloger, il s’agit de Jon Sivertsen, un humble Islandais qui a fui la misère de son pays, alors colonie danoise, pour travailler à Copenhague. La rencontre de ces deux personnages que tout oppose est occasionnée lorsque Jon se voit confier la mission de réparer une célèbre (et authentique) horloge astronomique très complexe, créée par le suisse Isaac Habrecht en 1592. Au cours des nombreuses heures de réparation, le roi, intrigué, vient observer le travail minutieux de l’horloger. Les langues commencent à se délier…

Ne croyez pas que ce sera une partie de plaisir ! Dès les premiers instants, le roi crache des insultes à Jon et parvient de peu à éviter de fracasser le crâne de « ce porc d’Islandais » avec sa bouteille de vin. Mais pourquoi tant de haine ? En effet, le roi semble très susceptible en apprenant que Jon déplore la décapitation de son père et la noyade de sa gouvernante sur ordre du roi Frederic V, le papa du petit Christian de l’époque. C’est clair qu’il y a mieux comme entrée en la matière, mais quand ça démange, on a envie de gratter.

Le roi Christian, convaincu de la bonne foi de Frederic V, laisse la vie sauve à l’horloger s’il parvient à lui prouver l’innocence de son père et de Gudrun, la gouvernante, coupables de fornication et d’usurpation de paternité. C’est ainsi que commence le long récit de Jon sur la vie de son père, Sigurdur.

L’auteur a créé un personnage intéressant en la personne de Jon, car cet homme subtil et respectueux du roi et des lois parvient à ouvrir les yeux du monarque sur la condition des petites gens et à lui faire comprendre que certains fonctionnaires comme Olafur, le bailli aux méthodes douteuses (le méchant de service et de sévices), étaient loin d’être irréprochables. Gonflé pour un mec qui doit prouver l’innocence de son fornicateur de père !

Une fois de plus, Arnaldur Indridason crée une histoire très romanesque aux personnages terriblement attachants. A part le bailli, bien sûr ! Il en profite pour insérer une histoire fictive dans la grande Histoire, celle des rois danois, de la grande misère de l’Islande et des tragédies. Et de mettre l’accent sur les lois de l’époque, celles qui voyaient d’un mauvais œil l’émancipation des femmes et surtout, de leur sexualité. Ben tiens !

Dès le début de l’histoire, on sait que Sigurdur et Gudrun vont mourir, et pourtant on espère comme des enfants que ces deux-là seront graciés de justesse. L’émotion ressentie lors des passages décrivant leur fin n’en est que plus vertigineuse. Et un auteur qui parvient à nous faire croire à des causes perdues, on en a bien besoin…

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