Une autre ville que la mienne : un De sang-froid en milieu mondain

auteur : Dominick Dunne
édition : Séguier
sortie : avril 2018
genre : roman

En 1994, l’ancien footballeur et acteur afro-américain O.J. Simpson est inculpé pour les meurtres de son ex-femme Nicole Brown et de Ron Goldman. Loin d’être un simple fait divers, l’affaire fait échos aux émeutes raciales de Los Angeles du début des années ’90. Elle prend rapidement des proportions démesurées. Gus Bailey, auteur à succès et journaliste, devient l’une des voix de ce procès. Personnellement touché par le sujet (sa propre fille a été assassinée) il est persuadé de la culpabilité de la star. Pourtant cette affaire semble profondément diviser la population…

On pensait avoir tout écrit, dit, réalisé (ou presque) sur ce qui est encore qualifié par le monde occidental de procès du siècle. En témoigne la très bonne série d’anthologie American Crime Story acclamée par le public et la critique américaine l’année dernière.

Pourtant, Une autre ville que la mienne prend un chemin différent en exploitant les infos de seconde main, les ont-dit et les commérages en milieu mondain. Dans ce microcosme qu’est Los Angeles, il devait être difficile d’échapper aux bruits de couloir et autres rumeurs sur O.J. en 1995.

Si cette lecture peut sembler de prime abord superficielle – l’énumération sans fin de noms est par moment laborieuse -, elle révèle au contraire l’impact de ce procès sur le public américain, qu’il soit simple citoyen ou Elisabeth Taylor. Dans un style, certes parfois difficile à suivre, c’est une page de notre histoire que Dominick Dunne tente de refléter.  

Gus Bailey est sans aucun doute possible le pseudonyme emprunté par l’auteur pour témoigner de sa propre expérience. Ce dernier n’est d’ailleurs pas sans rappeler Truman Capote. Dans un style proche de son grand roman-vérité De sang-froid, Dominick Dunne a vécu des expériences communes avec l’un des auteurs américains les plus célèbres du XXème siècle. C’est cette confusion constante entre fiction et réalité qui fait d’Une autre ville que la mienne  un récit passionnant aussi cynique que prometteur.

A propos Elise Voillot 51 Articles
Journaliste du Suricate Magazine