« Xenogenesis : Imago », graine d’espoir futuriste

Titre : Imago : Xenogenesis 3
Autrice : Octavia Butler
Editions : Au Diable Vauvert
Date de parution : 15 février 2024
Genre : Dystopie

Dans L’Aube, les Oankalis, pour qui le maintien de la vie guide toutes leurs décisions, emmènent les humains dans leur vaisseau pour que la vie en eux continue d’exister, et ce, à tout prix. On y suit Lilith qui apprend à accepter les extraterrestres. Dans L’Initiation, on suit Akin, fils de Lilith, qui apprend à accepter et à comprendre sa part humaine, sa Contradiction. Dans Imago (En biologie, l’imago désigne le stade final d’un individu dont le déroulement se fait en plusieurs phases) , 100 après que les Oankalis aient sauvé une partie de l’humanité de l’extinction, il reste encore quelques humains qui résistent et maintiennent avec acharnement et désillusion leur vie d’avant sans savoir que sur Mars, pourtant, une colonie autonome les attend.

Au sein de la famille de Lilith, Jodahs entame sa première métamorphose. Normalement, il devrait se tourner vers son parent humain Tino, ou vers son parent oankali Dichaan. Cependant, il n’est attiré ni par l’un ni par l’autre. Il reste Nikanj, son parent ooloi, ni homme, ni femme, juste ooloi, un troisième genre à part entière. Tandis que Nikanj l’inspecte à l’aide de ses appendices sensoriels, il sent que Jodahs n’a pas l’odeur qu’il devrait avoir, sa composition ne va pas où elle devrait aller. Pourtant, Jodahs doit avancer et pour avancer, il lui faut partir à la recherche de partenaires humains ce qui est, pour son espèce, une question littérale de vie ou de mort.

Octavia E. Butler, précurseure de l’afrofuturisme, écrivaine maîtresse et incontournable de la science-fiction, souffle tout sur son passage avec cette trilogie qu’est Xenogenesis. Il y a peu à dire à part louer la qualité du récit et de l’écriture.

Ce dernier opus est magistral. Plus que les autres opus et bien plus que le deuxième qui, pourtant, mettait le focus sur les sentiments humains, leur ambivalence, leur dangerosité et leur nécessité, Imago est extrêmement tendre. A nous lecteurs, il nous semblera que les extraterrestres deviennent humains, mais, peut-être est-ce simplement que nous commençons nous à mieux les comprendre, eux et leurs intentions, leurs buts, leurs devoirs envers la vie et le vivant. C’est inévitable, on transpose nos émotions aux personnages et ils nous les rendent en étant bien plus attachants qu’auparavant.

En ce qui concerne Jodahs, on le suit pendant qu’il séduit ses partenaires. Et ici, parmi ses différentes assertions, séduire signifie « tirer à soi ». Jodahs tire à lui les humains. C’est plus qu’une envie ou un désir, c’est une nécessité vitale. Et si Jodahs tire à lui ses partenaires, Octavia nous tire splendidement à elle dans ses réflexions riches et précieuses sur notre monde et notre société.