LIFF 2024 : scénario du désir

Le festival réserve une soirée pour « De x-manières », une conférence en images sur le genre de la pornographie et la représentation de la sexualité au cinéma. 

À l’aube des années 70, la pornographie s’immisçait dans le monde du cinéma, déployant ses ailes impudiques au sein des salles obscures. Les frontières du désir charnel étaient explorées avec audace et fascination, défiant les conventions sociales établies. Le septième art, téméraire et provocateur, s’aventurait sans crainte dans les méandres du désir humain. Des débuts dominés par une vision phallocentrique ont progressivement cédé la place à une reconnaissance croissante du plaisir féminin. Avec l’avènement de l’ère numérique, l’accès sans précédent à des contenus pornographiques a profondément influencé la manière dont le cinéma s’empare de l’érotisme.

Dans ce royaume de la chair et de l’image, le règne du gros plan et l’absence de hors-champ prévaut, dévoilant sans pudeur chaque détail de l’acte sexuel. John B. Root, dans les années 2000, défie ces conventions établies avec une approche novatrice où les comédiens s’expriment verbalement, rompant ainsi avec le silence traditionnel. Le langage parlé devient un outil puissant pour explorer le désir charnel. Cette inversion des attentes habituelles du genre offre une perspective déjà audacieuse sur la représentation de la sexualité à l’écran. Paul Verhoeven, dans Basic Instinct, déconstruit les clichés des scènes où l’homme domine, offrant une perspective profondément féministe de la sexualité. La scène de sexe est présentée comme un crime, un véritable enjeu narratif. C’est la femme qui disparait le lendemain matin. Dans Larry Flynt, Miloš Forman nous invite à réfléchir sur la disparité entre la tolérance accordée aux images choquantes véhiculées dans les médias et la censure rigide appliquée au corps nu. En exposant cette contradiction, le réalisateur soulève des questions essentielles sur les valeurs sociétales qui guident de telles décisions éditoriales. Dans Eyes Wide Shut, Stanley Kubrick représente les profondeurs insondables de la luxure et de l’interdit au cœur de la haute société. La sexualité s’y dévoile tel un ballet aristocratique masqué, où les protagonistes cachent leurs véritables désirs derrière des masques de porcelaine. Dans Shame de Steve McQueen, on plonge au cœur des tourments d’un homme submergé par son addiction sexuelle, révélant les nuances sombres de l’obsession. Une palette de films qui témoigne de la longévité et de la diversité de la représentation sexuelle au cinéma.

Dans ce kaléidoscope de sensations, la représentation de la pornographie au cinéma transcende les limites de l’acte lui-même pour devenir un univers d’expression imaginaire, où chaque geste, chaque regard, raconte une histoire d’amour, de désir, de connexion ou de désespoir. Il capture avec audace les nuances les plus intimes de nos désirs, dans une fusion enivrante de corps et d’âmes.