Jamais seul de Marc-André Selosse

auteur : Marc-André Selosse
édition : Actes Sud
sortie : juin 2017
genre : science

Le monde des microbes est un domaine de recherche loin d’être sexy de par la peur que ces organismes microscopiques nous inspirent vu le fait qu’on ne leur attribue presqu’uniquement que le pouvoir de nous rendre malade.

Mais les microbes n’ont pas que cette vocation, loin s’en faut. Sous la dénomination de « microbiote », histoire de dédramatiser d’emblée le postulat de base, Marc-André Selosse nous démontre qu’on les retrouve absolument partout. Aucun être vivant ne mène une existence solitaire : ils partagent tous des milliards de microbes et autres bactéries dont ils sont les hôtes mais qui leur permettent aussi de vivre et cela de manière symbiotique.

En commençant par les lichens, une algue qui ne peut se développer sans un parasite bien précis qui lui-même ne peut vivre sans elle, l’auteur nous explique la notion de symbiose qui sera le fil conducteur de l’ouvrage. En passant par les fourmis qui cultivent des champignons en inoculant une bactérie à leurs déchets et provenant de leurs fèces (comprendre déjections) ou encore leur utilité dans la digestion humaine en terminant par le rôle prépondérant qu’ils peuvent avoir dans la vie sociale d’un être humain puisque mauvaise haleine et autres pets notamment, sont eux aussi dus à des bactéries. Jamais seul s’attaque à bien des clichés et à notre dégoût presque inné de ces microbiotes dans un ouvrage magistral et très complet, fourmillant d’exemples tant surprenants qu’éloquents nous permettant de comprendre leurs actions et leur pouvoir sur les êtres vivants d’une tout autre manière.

Même si le quatrième de couverture stipule que ce livre est « destiné à tous les publics » il serait plus honnête de rétablir la vérité : ce livre est destiné soit à des chercheurs en biologie, soit à des lecteurs versés dans le naturalisme et la biologie microbienne tant il est difficile à lire. Si le sujet développé est extrêmement intéressant, il vous faudra néanmoins surmonter la difficulté de compréhension d’un vocabulaire ultra spécialisé qui rend la lecture vraiment compliquée.

Toutefois, si vous avez envie de découvrir un monde microscopique méconnu – et dont les effets le sont encore moins – et le courage d’ouvrir votre dictionnaire toutes les cinq minutes, alors mycorhizes, endosymbiontes et autres corpuscules cellulaires n’auront plus aucun secret pour vous et vous serez en mesure de clouer le bec à n’importe quel étudiant en biologie qui serait tenté de faire le malin !

A propos Daphné Troniseck 254 Articles
Journaliste du Suricate Magazine