« Lingui », se confronter à l’avortement au Tchad

Lingui, les liens sacrés
de Mahamat-Saleh Haroun
Drame
Avec Achouackh Abakar, Rihane Khalil Alio, Youssouf Djaoro
Sorti le 12 janvier 2022

Lingui, les liens sacrés est centré sur Amina, qui élève seule sa fille qui tombe enceinte et souhaite avorter. Ce qui frappe, c’est que toutes les strates de la société se dressent contre elles : le lycée, les médecins et autres. A cause de sa grossesse, Maria devient indésirable. Elle est exclue de son lycée parce que l’établissement tient à sa réputation. Malgré cela, la mère soutient sa fille et ensemble, elles bravent les obstacles pour se sortir de cette situation.

Au Tchad, l’avortement est toujours interdit. Mais certains médecins le pratiquent pour venir en aide aux femmes en détresse au nom de leur devoir social. C’est ce qui a inspiré le réalisateur, Mahamat-Saleh Haroun, qui a souhaité rendre hommage aux tchadiennes qui se débrouillent et plus généralement aux femmes combatives et libres, malgré une société restée très patriarcale.

Le réalisateur nous immerge ici dans la réalité sociale du Tchad et dans l’existence de ces femmes qui élèvent seules leurs enfants avec peu de choses. Le film projette une vision critique du  patriarcat et obstacles rencontrées par les femmes. Interrogé sur la réception du film dans son pays natal, le réalisateur Mahamat-Saleh Haroun explique qu’au Tchad le cinéma n’existe pas et donc ne constitue pas une menace pour le pouvoir. « Il n’y a pas de salles au Tchad et il suffit que la télévision nationale ne diffuse pas mes films pour que l’histoire s’arrête. Néanmoins, mes films sont quand même vus par un public cinéphile, grâce aux vidéo-clubs, aux salles artisanales où un moniteur vidéo remplace le grand écran » précise-t-il.

Co-financé par le programme Creative Europe, Lingui, les liens sacrés est un film qui nous transporte dans la vie et le quotidien d’une jeune fille et de sa mère dans l’un des pays les moins avancés au monde. On y voit des femmes qui se lèvent pour avancer et vivre la vie qu’elles se sont choisies, sans romantisme ni exagération. Le film plaira particulièrement aux personnes intéressées par les problématiques sociales ou par l’Afrique. Il fait œuvre utile en mettant le doigt sur un sujet d’actualité car le nombre de grossesses non désirées prend de l’ampleur au Tchad. Auréolé de sa sélection au festival de Cannes, il reste à espérer que le réalisateur pourra honorer son souhait d’organiser des projections de ce film pour les femmes tchadiennes.