La Lutte des classes, le texte d’Ascanio Celestini aux Martyrs

De Ascanio Celestini, de et avec Iacopo Bruno et Salomé Crickx. Du 26 septembre au 20 octobre 2018 au Théâtre des Martyrs. Crédit photo : Andrea Messana

Popularisé par David Murgia pour son texte Le Discours à la nation, Ascanio Celestini n’est plus un inconnu par chez nous. C’est au tour de Iacopo Bruno (Prix de la Critique du meilleur espoir pour Lehman Trilogy mis en scène par Lorent Wanson) et Salomé Crickx (remarquée dans Crever d’amour d’Alex Cornil) d’exploiter un texte du dramaturge italien : La Lutte des classes.

Sortis tous les deux du Conservatoire Royal de Mons, les deux comédiens souhaitaient travailler ensemble et se lancer sur un projet personnel. En sortant leurs idées, la seule commune était ce texte qui parlait de précarité, situation qu’ils connaissent à la sortie de l’école.

Ce texte suit les pensées de Nicola et Marinella, employés dans un call center qui les exploitent. Ils se rendent compte que leur rêves ne pourront jamais aboutir et que même si ils veulent partir de ce travail précaire, ils n’en ont pas les moyens et acceptent un boulot harassant, rémunéré à la durée de l’appel (2 minutes 40, montre en main) et subissent les pervers en tout genre juste pour toucher les 0,85€ nets que ça leur rapporte. Quand la compagnie durcit son règlement et pénalise les appels dépassant ces fameuses 2 minutes 40, ils décident de se battre pour améliorer leur condition. Mais peut-on gagner contre plus fort que soi ?

Iacopo Bruno et Salomé Crickx ont élaboré un spectacle proche du public. Dès l’entrée dans la salle, ils nous accueillent, nous proposent un café, discutent avec nous. La salle sera d’ailleurs presque allumée en permanence, les deux comédiens jouent au milieu du public et proposeront même à un moment des bières à ceux qui en veulent. Ce qui a pour effet de rendre le public entièrement concerné par la détresse des personnages et de subir le texte de plein fouet.

La Lutte des classes, c’est deux choses : un texte et une interprétation. Si l’interprétation de Bruno et Crickx est intense, drôle et émouvante, le texte peut paraître plus décevant. Si ce texte possède quelques beaux moments d’humour et d’émotion, l’exploration de la thématique de la précarité comparée aux camps de concentration ou d’autres parallèles un peu faciles gâchent le plaisir de voir un acteur et une actrice exceller dans leur jeu.

A propos Loïc Smars 484 Articles
Fondateur et rédacteur en chef du Suricate Magazine