Loin de Linden au Théâtre des Martyrs, jusqu’au 18 février

© Alice Piemme

Texte de Veronika Mabardi. Mise en scène de Giuseppe Lonobile. Avec Valérie Bauchau, Véronique Dumont, Giuseppe Lonobile. Du 9 février au 18 février 2024 au Théâtre des Martyrs.

Jusqu’au 18 février, la salle Daniel Scahaise du Théâtre des Martyrs accueille Loin de Linden, un spectacle intimiste et sensible autour de l’identité d’un homme et celle de la Belgique tout entière. Le texte de Veronika Mabardi, en grand partie inspiré de ses conversations avec ses grands-mères, est magistralement incarné par Valérie Bauchau et Véronique Dumont qui restituent sur scène toute la force et la tendresse d’une parole authentique.

La mise en scène de Giuseppe Lonobile est très épurée et très efficace : tout se passe autour d’une table et de deux tasses de café. Un homme convoque –comme il le dit- ses deux grands-mères dans une cuisine aux carrelages blancs et noirs pour leur poser des questions sur leur vie et pour recomposer le puzzle de son identité.

« J’ai demandé à mes grand-mères me raconter leur vie. J’avais l’intuition qu’il y avait quelque chose à comprendre dans leurs paroles. Comprendre pourquoi je me sentais « sans terre », tiraillé entre deux langues, deux classes sociales, deux façons de ressentir le monde. »

Eugenie et Clarette sont deux dames que tout oppose et qui ne se sont rencontrées qu’une fois dans leur vie : leurs destins se sont croisés à Linden, en 1960, quand elles se sont retrouvées pour parler du mariage de leurs enfants. L’une flamande, fille du garde-chasse, une « paysanne » à la robe fleurie qui parle avec fougue de sa vie rurale et simple, de sa famille nombreuse et qui sourit en pensant aux difficultés de sa vie ; l’autre, francophone et cosmopolite, fille d’un bourgeois ruiné par la crise de 1929, qui parle de ses rencontres avec les « moins civilisés » et qui sourit en racontant les épreuves qu’elle a dépassées.

Lors de leur seule rencontre, c’était comme si deux mondes distants et opposés se rencontraient. Au début les deux grands-mères parlent avec beaucoup de retenue, puis petit à petit le flux des pensées se démêle et les discours se chevauchent, les versions de l’histoire parfois se complètent et parfois se contredisent, des détails s’ajoutent et la pièce se remplit d’anecdotes, d’histoires, de témoignages. Et voici que la petite histoire et la grande Histoire se croisent à l’endroit du vécu. Loin de Linden nous parle aussi de l’identité comme d’un regard sur le monde, un filtre qui nous est donné à notre naissance et au travers duquel on observe et on comprend l’Autre. C’est un spectacle puissant et réussi qui puise dans l’intime pour mettre en scène les enjeux cachés de la quête de ses propres racines.

A propos Elisa De Angelis 55 Articles
Journaliste du Suricate Magazine

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