« Adam » une lutte entre survie, amour et tabou

Adam
de Maryam Touzani
Drame
Avec Lubna Azabal, Nisrin Erradi, Douae Belkhaouda
Sorti le 5 février 2020

Samia est une jeune marocaine célibataire qui a quitté la maison de ses parents le temps de porter à terme sa grossesse et dans l’espoir d’y revenir sans l’enfant. Né hors mariage, considéré comme un bâtard, il serait condamné à une vie de rejet si elle le gardait. Ainsi, elle erre dans les rues de l’ancienne Médina de Casablanca, frappant aux portes afin de trouver un toit et du travail. C’est auprès d’une veuve, Abla, et de sa fillette Warda, qu’elle trouve enfin un abri. Dans cette maison où règne l’austérité et la tristesse, le courant entre les deux femmes passe difficilement. Cependant, grâce notamment à la joie de vivre de la petite Warda, leur humanité prend petit à petit le dessus, rapprochant Samia et Abla dans un partage de sensibilités, de faiblesses, de peurs et de courage. Tandis qu’Abla apprend à surmonter le deuil du décès de son mari et à s’ouvrir à nouveau au bonheur, Samia entreprend une lutte interne qui devient le noeud principal de l’histoire et qui reste d’ailleurs sans réponse : va-t-elle donner son enfant en adoption ou pas ?

Avec des grands plans sur les visages en sueurs ou ridés par l’effort et la souffrance, nous sommes projetés dans la détresse muette des personnages. Intrigués par les pensées qui ne sont pas toujours communiquées, mais qui sont exprimées dans la lueur des regards. A certains moments, le rapprochement entre les deux femmes frôle une sensualité quelque peu en dissonance avec le sens de l’histoire, et le film semble étrangement vouloir glisser vers autre chose. D’autre part, la présence de Warda et du voisin amoureux d’Abla donne un air frais au film et nous rend le sourire. Aussi, lorsque Samia apprend à entrer en relation avec son nouveau-né, nous sommes surpris par une douceur qui nous fait espérer que l’instinct maternel lui fera changer d’avis. Car malgré le mal qu’elle croit donner à son enfant en le gardant en tant que bâtard, elle pourrait prendre conscience que la séparation d’avec sa mère serait une souffrance beaucoup plus douloureuse.

Adam est une histoire touchante qui met les femmes et leur maternité à l’honneur en montrant le courage dont elles sont capables. Nous pourrions y trouver un rappel à l’amour de la vie, mais la réalisatrice a décidé de ne pas aller jusqu’au bout, laissant ainsi un doute décevant qui fait chuter brutalement toute la tension.

A propos Donata Vilardi 25 Articles
Journaliste du Suricate Magazine