« La Malédiction des roses », une erotic fantasy pour public averti

Titre : Dark Fairytales 1 : La Malédiction des roses
Autrice : K.F. Breene
Date de parution : 7 février 2024
Genre : Erotic Fantasy

K.F. Breene est une autrice à succès américaine habituée aux genres fantasy ou paranormal. Avec « La Malédiction des roses », elle s’attaque à la revisite du célèbre conte de Gabrielle-Suzanne de Villeneuve « La Belle et la Bête » en y apportant une touche très… spicy.

Promenons dans les bois, tant que le loup n’y est pas

Depuis qu’une terrible malédiction s’est abattue sur le village, la forêt reste le domaine de la bête. Personne ne s’y aventure, à moins de souhaiter quitter rapidement ce monde.

Finley connait le danger qui rode dans les bois mais elle doit s’y aventurer. Les villageois sont victimes d’une terrible maladie qui les tue lentement et cruellement. L’inévitable est retardé grâce à l’action de son élixir qui nécessite un ingrédient essentiel se trouvant au cœur de la forêt interdite.

A chaque nouvelle incursion, elle en ressort vivante car Finley est déterminée et possède un don pour sentir le danger. Jusqu’au jour funeste où la bête la réclame, faisant irruption dans son humble maisonnée, terrorisant ses frères et sœurs. Finley n’est pas du genre à fuir et elle choisit d’affronter son destin. Résignée à sacrifier sa vie afin de protéger les siens, c’est avec effroi qu’elle assiste à la métamorphose de la terrible créature en un homme diablement ténébreux.

Parce que s’il y était, il nous mangerait… avidement

Cette revisite ne doit être mise entre toutes les mains. Il y a des descriptions très explicites de scènes à caractères érotiques voire pornographiques. Il nous semble que l’aspect fantasy est plutôt un prétexte permettant d’introduire les préférences sexuelles des protagonistes qu’une réelle volonté d’immersion dans un conte. On parle de bêtes, de succubes, d’incubes, de magie sexuelle, de pulsions sauvages, de dominance alpha et de soumission.

Il est évident à notre sens qu’une bonne dose de second degré est nécessaire pour apprécier sa lecture. Il faut être en accord avec la promesse de départ. Si l’intention première est de vous immerger dans une histoire avec des enjeux complexes, des intentions cachées ou encore un désir de romance, cette œuvre risque de vous décevoir. En revanche, si vous souhaitez quelque chose de léger et de coquin, vous frappez à la bonne porte. Pour notre part, nous avons souvent ri des situations ou encore des dialogues parfois extrêmement crus.

Nous souhaitons toutefois souligner que la double lecture et le recul sont primordiaux si la sexualité est une dimension nouvelle chez le lecteur. Dans l’ouvrage, il est souvent question d’actes de libertinage motivés par l’ennui, la mauvaise estime de soi ou la boulimie d’expériences. Nous aurions aimé qu’existe en parallèle un message permettant aux jeunes lecteurs d’assimiler que la notion de relation intime est différente de la performance sexuelle. L’amusement et la légèreté sont des leitmotivs tout à fait légitimes dès lors qu’ils sont considérés comme tels et non pas comme la norme.

Oui, la liberté sexuelle existe, et tant mieux, mais elle n’est pas le seul modèle possible. Il est certes important de montrer des représentations de rapports intimes motivés par l’épicurisme mais il est également important de les définir comme un acte d’amour et de confiance.