Un fils, film subtil sur l’émancipation

Un fils
de Mehdi Barsaoui
Drame
Avec Sami Bouajila, Najla Ben Abdallah, Youssef Khemiri
Sorti le 1er juillet 2020

Pour son premier long-métrage, Mehdi M. Barsaoui a réuni des acteurs confirmés tels que Sami Bouajila et Najla Ben Abdallah.

Dans ce film, il y a deux histoires : tout d’abord, celle d’une famille tunisienne aisée constituée des parents, Farès et Meriem, et de leur fils, Aziz, âgé d’une dizaine d’années. Farès et Meriem forment un couple heureux et extrêmement uni lorsqu’ils décident de prendre quelques jours de vacances près de Tataouine, dans le sud de la Tunisie. Sur le chemin, ils sont pris dans une embuscade par un groupe de terroristes et Aziz est grièvement blessé au foie. Le jeune garçon est amené d’urgence à l’hôpital où seule une transplantation hépatique peut le sauver. La course contre la montre pour sauver le jeune Aziz commence alors…

La seconde histoire présente en filigrane est celle d’un pays en pleine mutation, quelques mois après la révolution tunisienne de 2011 et la chute du régime de Ben Ali. Un parallèle extrêmement intéressant peut être effectué entre les combats traversés par la famille et ceux vécus au même moment par le pays (passant par des étapes identiques : désintégration, affranchissement et émancipation).

Nous nous retrouvons face à de nombreux rebondissements et questionnements tout au long de ce film passionnant. Le sujet principal du film (que nous ne pouvons dévoiler ici pour laisser la surprise au spectateur) remet en question la vie et les certitudes du personnage principal. Il est traité avec intelligence et une extrême finesse.

Un autre thème fondamental est évidemment celui du don d’organe. Le don d’organe n’est pas très répandu en Tunisie et les listes d’attente pour des greffes sont, dès lors, extrêmement longues. Cette insuffisance donne lieu à de nombreuses inégalités et autres trafics. Le film ne cache pas la sombre réalité des greffes en Tunisie mais transporte également un message et ouvre à la réflexion sur ce sujet. Il est important d’informer et de promouvoir le don d’organe car le manque d’organe disponible est cruellement présent mais il faut que cette décision s’effectue dans le respect des convictions morales, philosophiques et religieuses.

Mehdi M. Barsaoui a réalisé un film subtil, juste et réfléchi qui aborde de nombreux sujets difficiles mais en toute transparence. Les acteurs principaux sont excellents et les gros plans réalisés aux moments clés du film ajoutent une profondeur inattendue dans un huis-clos angoissant. Il nous rassure en nous montrant que l’amour surpasse tout :  les obstacles que nous pensions insurmontables mais également nos certitudes.