« Les Chiens et la Charrue », entre roman d’aventure et analyse psychologique réussie

Titre : Le Cycle de Syffe 3 – Les Chiens et la Charrue
Auteur : Patrick K. Dewdney
Editions : Au Diable Vauvert
Date de parution : 9 septembre 2021
Genre : Fantasy

Après les multiples pertes et la destruction d’un culte en entier, nous retrouvons Syffe errant, seul et plus que jamais en quête de sens. Brindille morte, il a perdu son moteur, ce qui l’avait jusqu’à maintenant maintenu en alerte, ce qui lui avait permis d’avancer et de supporter ce que les vents et les tempêtes laissaient sur sa route. Encore une fois, le vent le mène de rencontre en rencontre, jamais réellement lié à ceux qu’il côtoie, mais désespérément forcé tout de même de s’y accrocher.

Alors même qu’il avait décliné son aide, il retrouve Aidan Corjourg, devenu primat de Bourre et se met à son service. Cependant, une menace plus grande que les guerres qui rongent le pays se dessine, Syffe y est enchaîné sans savoir pourquoi et l’Histoire ne lui laissera pas d’autres choix que de prendre part à cette bataille plus grande et importante que n’importe quelle querelle entre primats.

Rares sont les histoires qui parlent aussi bien de la vie, avec toutes les nuances qu’elle contient. Au-delà évidemment de son univers éminemment riche et complexe, Patrick Dewdney nous régale encore une fois d’une réflexion franche sur la nature et la raison humaine et parfois sur nous-même, lecteur.

Syffe est un homme, simple et complexe tout à la fois. Donc, inévitablement, le lecteur peut s’identifier car, même si les situations sont le plus souvent extrêmes, les questionnements qu’elles soulèvent sont à notre portée. Ces derniers nous invitent même à nous poser et à se questionner, de manière honnête.

Et comme sait si bien le faire Patrick Dewdney, l’histoire se croise, se tord, revient sur elle-même, les fantômes reviennent et charrient avec eux les relents du passé, mais aussi des ouvertures sur le futur.

L’écriture est juste, ciselée et d’une efficacité redoutable. On ne compte plus les tournures et autres traits de génie qui ponctuent chaque page. Littéralement chaque page ! Il y a un souffle dans son écriture, une puissance évocatrice qui convoque nos imaginaires. Tout en nous ramenant toujours cruellement à la réalité, au plus près de l’humain, au plus près de nous.

C’est là, le talent indéniable de cet écrivain ; nous mener de rebondissement en rebondissement, de personnage en personnage, de contrée en contrée, de conte en conte sans jamais nous perdre. Et en nous tenant toujours au plus près de son héros, au chaud entre le plaisir de la lecture et nos réflexions intimes, miroirs de celles de Syffe.