The Cut de Fatih Akin

the cut affiche

The Cut

de Fatih Akin

Drame, Historique

Avec Tahar Rahim, Simon Abkarian, Makram Khoury

Sorti le 3 juin 2015

Le germano-turc Fatih Akin revient avec The Cut, son 7ème long métrage, présenté à la dernière Mostra de Venise, petit poucet d’une trilogie emmenée par Gegen die wand (2004) et Auf der anderen Seite (2007) avec pour thématique centrale le génocide arménien, actualité oblige mais surtout portée par les origines du réalisateur.

Le film met en scène Tahar Rahim dans le rôle de Nazareth, un forgeron de confession chrétienne qui est arraché à sa femme et à ses filles par les autorités ottomanes sous le prétexte d’une mobilisation de l’armée. S’ensuivent des mois de travail forcé dans les plaines désertiques de Turquie sur fond de marches de la mort. Après les déportations, Nazareth apprend que ses filles sont toujours vivantes. Déterminé, il sillonnera la Mésopotamie et les États-Unis en passant par Cuba pour les retrouver.

Bien que restant fortement préoccupé par les problématiques liées à ses origines turques, Fatih Akin déçoit amèrement avec cette reconstitution historique du génocide. Certes, l’esthétique cinématographique chère au réalisateur – emmenée par un choix de musiques toujours aussi envoûtantes – donne au film une certaine consistance, mais il ne parviendra véritablement jamais à convaincre tant la quête quasi spirituelle de Nazareth vers ses filles ressemble à un enchainement un peu trop pompeux de désillusions. Les plans lugubres d’une population terrassée par la famine ou ce désert brûlant magistralement photographié n’arriveront jamais non plus à rattrapper la lourdeur du périple d’un Tahar Rahim rendu muet à la suite d’un coup de sabre (The Cut ?). On ne peut que finalement se réjouir du choix de dernière minute du réalisateur de doubler son film en arménien plutôt de nous infliger la langue de Shakespeare comme unique échappatoire.

Il faut croire que Fatih Akin ne peut définitivement nous séduire que par la profondeur de films à dimensions plus réduites. Nous sommes bien loin des dialogues caustiques et tranchants entre membres déracinés de la communauté turque d’Allemagne ou du sentiment amoureux magnifié par une forme filmique sans failles. Osera-t-on la comparaison en prétextant que Spike Lee a eu son Mircale at St Anna (2008); au tour d’Akin de frustrer avec The Cut.

A propos François Lambot 7 Articles
Journaliste du Suricate Magazine

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