Le Signal du promeneur, au National jusqu’au 17 février

© Cici Olsson

De et par Raoul Collectif : Romain David, Jérôme de Falloise, David Murgia, Benoît Piret, Jean-Baptiste Szézot. Du 13 février au 17 février 2024 Au Théâtre National

Le Signal du promeneur ouvre la rétrospective du Raoul Collectif au Théâtre National qui accueille les trois spectacles créés, dans les dernières quinze années, par cette formidable équipe. Il s’agit de la première création du collectif belge, qui a vu le jour en 2012 et qui depuis lors n’a pas arrêté de charmer son public. Etant le résultat d’un processus de création dans lequel les cinq comédiens sont à la fois tous auteurs et tous metteurs en scène, ce spectacle nous offre un humour particulièrement décalé, des drames et de la joie de vivre, beaucoup d’énergie, d’intelligence et de poésie. Dans ce premier volet de celle qui pourrait être une trilogie, le collectif mène une réflexion sur la société contemporaine qui s’asphyxie, sur les mensonges qui régissent notre temps, sur la folie dévastatrice qui menace le monde.

« Soyons frères parce que nous sommes perdus »

Les chemins de cinq promeneurs solitaires se croisent dans une clairière : la faible lumière des lanternes dans le noir et le bruit des pas sont les seuls indices de leur passage. Ils se retrouvent dans un lieu dépouillé où ils partagent leur révolte, leurs points de ruptures avec la société, et ils soulèvent des questions à la fois existentielles et inquiétantes sur l’humain et sur son instabilité funeste. Est-ce notre folie individuelle le fruit d’une société aliénante, assujétissante, peureusement intimidante ? Sommes-nous en train de vivre une chute libre vers un point de non-retour fait de règles à suivre, de rôles préétablis et de frustrations dissimulées ? Le Signal du promeneur avance des réponses en tirant un portrait inquiétant et poétique de notre condition d’humain et d’humaines.

« [… ]délivrés de cette ambition d’avoir à délivrer du neuf,
nous voulons affirmer que dans un monde qui se détruit,
la création reste le seul moyen de ne pas se détruire avec lui.
Cette énergie adolescente constitue le mouvement dans lequel notre collectif a vu le jour
et veut se traduire dans l’inscription d’un théâtre
qui met en avant les joies de la libération. »

À l’aide d’une scénographie étonnante, les cinq formidables comédiens nous offrent une performance généreuse et captivante. Par moments impénétrable mais toujours surprenant et décalé, le spectacle de Raoul Collectif alterne le dramatique et le burlesque : on rit beaucoup, on rit sérieusement, on rit jaune aussi, et on rit aussi en spéculant sur des tragédies tirées de faits divers. Avec sa mise en scène construite à partir du plateau, Le Signal du promeneur est une pièce inhabituelle qui séduit par sa puissance évocatrice et qui mérite absolument le succès qu’elle remporte.

A propos Elisa De Angelis 55 Articles
Journaliste du Suricate Magazine