Oh les beaux jours, les jours heureux!

Scénario : Zuzu
Dessin : Zuzu
Éditeur : Casterman
Sortie : 17 mai 2023
Genre : Roman graphique

Claudia joue au bord de l’eau, du sang coule le long de son entre-jambe. Malgré une ouverture à la Carrie, on est en droit de croire à quelques histoires de bonheur. Après tout, c’est un peu ce que nous promet le titre. Tout commence par un été sans nuage. Une chaude saison qui offre aux amants le temps de se plaire. Pour Claudia et Piero, les baignades se transforment vite en déclarations. Elle s’enflamme, Piero hésite. « J’ai la sensation que tu dis tout haut ce qui te console ». Il a raison. Une ombre plane. C’est la fin des vacances. Claudia doit passer une audition dans la capitale italienne. Tous les chemins mènent à Rome et Rome, malheureusement, mène à Giorgio.

Plus de maturité

Si on le compare à Cheese, premier album de l’autrice italienne, Les jours heureux gagne en maturité ce qu’il perd en folie. Zuzu est plus du côté de la narration que de la sensation. Mais comme on ne se refait pas ; elle conserve son sens du loufoque. On baigne toujours dans ses délires, mais cette fois l’histoire est plus assumée, ce qui apporte un certain équilibre. Les joues de Claudia changent de couleur au gré des émotions. Elle est autant un ange avec des cornes qu’un diable avec des ailes. Mais dans les faits, elle habite la vie d’une jeune fille « ordinaire », quoique un peu passionnée. Les jours heureux s’interprète un peu comme une pièce de Beckett, à la limite entre le rêve et la réalité. D’ailleurs, quand une Claudia en transe se met à réciter les vers de Oh les beaux jours lors d’une audition, sa ressemblance avec Winnie apparaît comme tristement frappante.

Il faut dire que les choses se sont gâtées. Avec la fin de l’été, les fleurs se sont fanées. Claudia a grandi. Sa passion, quand on l’écorche, devient incontrôlable. Et pourtant… Malgré toute la noirceur qui campe son récit, Les jours heureux profite d’un graphisme lumineux. Sa candeur nous irradie. Le coloriage presque grossier de Zuzu donne à l’album un côté très enfantin, inspiré de l’art brut. Sa plume s’est affinée. Son dessin est plus maîtrisé, tout comme l’est sa mise en page. Grâce à des enchaînements narratifs d’une grande intelligence, elle parvient à nous surprendre, et même à nous choquer. Des jours heureux, on ne revient pas indemne.

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