« Le Bonheur des uns… », frenemies comedy

Le Bonheur des uns…
de Daniel Cohen
Comédie
Avec Vincent Cassel, Bérénice Bejo, Florence Foresti
Sorti le 9 septembre 2020

Léa, Marc, Karine et Francis sont deux couples d’amis comme il en existe tant d’autres. Francis (François Damiens) et Karine (Florence Foresti) semblent mener les débats, de par leur côté sans-gêne et fort en gueule. Léa (Bérénice Bejo) et Marc (Vincent Cassel), quant à eux, sont plus effacés, même si Marc ne rate pas une occasion pour se mettre en valeur. Mais lorsque Léa, vendeuse quelque peu naïve mais bienveillante, signe un contrat d’édition pour son roman qui deviendra un best-seller, l’équilibre des deux couples va être mis à rude épreuve, entre jalousie et médisances.

Comédie de boulevard germanopratine, à l’instar du Prénom de Matthieu Delaporte et Alexandre de la Patellière, Le Bonheur des uns… explore la frontière ténue qui sépare les amis des ennemis qui parfois, sont les mêmes personnes comme aimait l’avouer Freud. Si Daniel Cohen a choisi d’en faire un film, c’est pourtant davantage au théâtre qu’on aurait aimé voir cette fresque drolatique, à mi-chemin entre le réel et le romanesque. Car il faut bien l’avouer, le cinéphile s’ennuie là où le spectateur se délecte.

C’est une certitude, Le Bonheur des uns… recèle d’innombrables détails distillées de manière parcimonieuse tout au long du récit, ce qui a pour but de faire saliver le spectateur, dans l’attente d’une salve humoristique savoureuse lui rappelant ses expériences personnelles. Les dialogues et mises en situation des personnages sont également un régal pour celles et ceux qui se reconnaissent dans cet imbroglio amical. Sur le fond, la réalisation a fait mouche, tout comme le casting cinq étoiles qui compose notre quatuor de névrosés. En résulte une fresque réussie, allégorie de la vie de tout un chacun.

Pourtant, sur la forme, on ne peut pas dire que ce long métrage marque le cinéphile, au contraire du Prénom précité. Et pour cause, en nombrilisant ses acteurs et ses personnages, Daniel Cohen en a presque oublié de faire un film de cinéma. Mise en place poussive, rythme inégal et construction narrative trop brouillonne, les défauts ne manquent effectivement pas à la check-list du spectateur pointilleux. Ceux-ci ne sont certes pas préjudiciables à l’histoire proprement dite, mais ils sont assez présents pour empêcher le public de se fondre dans le récit et perdre cette précieuse empathie, indispensable dans une comédie de ce type.

En résumé, Le Bonheur des uns… fera probablement le bonheur de certains amateurs de comédies bourgeoises. Une histoire que l’on pourrait résumer en une seule phrase, celle de Jules Renard : « Il ne suffit pas d’être heureux, il faut encore que les autres ne le soient pas ».

A propos Matthieu Matthys 919 Articles
Directeur de publication - responsable cinéma et littérature du Suricate Magazine.