« L’été la nuit » : Attention, enlèvement au nounours !

Titre : L’été la nuit
Auteur : Jan Costin Wagner
Editions : Actes Sud
Collection : Actes noirs
Date de parution : 8 septembre 2021
Genre : Thriller

La quatrième de couverture nous promet des secrets personnels, plein de suspense et de nous tenir en haleine… Il faudra malheureusement avoir beaucoup d’imagination et d’indulgence pour dénicher tous ces ingrédients prometteurs.

Dans cette enquête allemande, nous allons suivre Ben et Christian, deux policiers en charge de l’enquête sur l’enlèvement d’un enfant lors d’une fête scolaire. D’après les vidéos de l’école, Jannis, le jeune disparu, a été vu en compagnie d’un énorme nounours derrière lequel se cachait son ravisseur. Les enquêteurs font rapidement le rapprochement avec une affaire similaire qui s’est déroulée un an auparavant en Autriche. Voilà tout ce qu’on peut vous dire sans effleurer le « suspense », qui est un bien grand mot. Dans tout thriller, la thématique de l’enlèvement d’un enfant est toujours appétissante en terme d’angoisse et d’ignominie, mais ici, le tensiomètre reste toujours trop proche du zéro. Adieu palpitations, onychophagie et lecture frénétiques jusqu’au bout de la nuit.

Le fil de l’histoire se déroule comme un épisode de Colombo, de ce fait, vous savez dès le début qui est l’horrible bonhomme au nounours. C’est une autre façon d’aborder l’histoire, là n’est pas le problème, mais même après avoir refermé le roman, vous n’en saurez pas beaucoup plus sur ce personnage, sur ses motivations tordues ou sur son passé sans doute meurtri qui en a fait l’homme dérangé qu’il est devenu.

Les autres personnages principaux sont évoqués de façon tout aussi plate. Nous n’avons donc aucune empathie pour qui que ce soit, pas même pour la famille de ce pauvre Jannis. La seule chose amusante est la profession du père du jeune garçon : il est la doublure voix d’un célèbre acteur et la voix off de publicités, une sorte de Patrick Ridremont allemand, vis-à-vis duquel les policiers ont du mal à rester concentrés lors d’interrogatoires.

Quand au style, il ne servira aucunement de bouée à ce roman déjà tombé dans les flots agités, bien au contraire. Des dialogues où le manque d’empathie face à des parents aux abois est tel qu’ils en deviennent invraisemblables, des phrases extrêmement courtes et si introspectives qu’elles n’ont souvent aucun sens. On peine à avancer dans la lecture, embourbés dans les pensées des enquêteurs dont l’un s’amuse parfois à compter…les lettres d’un mot !

Ajoutez à cela l’absence de retournement de situation ou de révélation coup de poing. Vous aurez compris que le terme « page turner » n’est pas approprié pour qualifier le dernier livre du romancier allemand.

Pour faire simple, tous les éléments attendus d’un thriller sont totalement absents dans L’été la nuit. Dès lors, peut-être vaut-il mieux vous pencher sur la série du romancier qui met en scène le commissaire finlandais Kimmo Joentaa, dont certains volumes ont été récompensés par des prix. Plus tentant, non ?