Le chercheur de vérité de James Robertson

auteur : James Robertson
édition : Métailié
sortie : avril 2017
genre : roman

Depuis la perte de sa femme et de sa fille, Alan Tealing n’est plus que l’ombre de lui-même.  Ce professeur de littérature ne vit que dans l’espoir de retrouver le meurtrier de sa famille.  Emily et Alice ont brutalement perdu la vie dans l’explosion de l’avion qui les emmenait vers les Etats-Unis.  Alan reste persuadé que le tribunal qui a jugé et inculpé le responsable de l’attentat s’est lourdement trompé.  C’est pourquoi il vit reclus depuis des années dans sa maison en banlieue écossaise, véritable antre vouée à ses investigations, afin de récolter des preuves qui attesteraient de l’erreur judiciaire pour enfin démasquer le véritable coupable.  Quant à son entourage, il se sent impuissant à le détourner de son calvaire quotidien.  Jusqu’au jour où un inconnu frappe à sa porte…

A l’heure actuelle, un sujet tel qu’un attentat qui frappe des innocents ne peut que faire écho en chacun de nous.  D’autant plus que la famille que nous présente l’auteur est intéressante et sympathique.  Le lecteur s’identifie aisément, reconnait son propre petit clan aussi parfait à ses yeux que les Tealing.  Puis il s’imagine qu’on lui apprend cette terrible nouvelle : non, ce n’est sûrement pas cet avion, ni ce même bar, ni cette même salle de concert dans lesquels se trouvaient mon enfant, mon conjoint, mon ami.  Et pourtant.  Le monde s’écroule et vous ne pouvez qu’imaginer les derniers instants en boucle.  De façon entêtante.  Ont-ils souffert ?  Sont-ils morts sur le coup ou ont-ils réalisé que c’était la fin ?  En tant que lecteur, on entre dans le quotidien de milliers de personnes qui ont connu cette attente insoutenable suivie de l’annonce de l’identification des victimes qui tombe tel un couperet et qui bouleversa leur existence.  Point de gaudriole ici, c’est du lourd.  Cette lecture vous donnera envie de serrer contre vous votre amoureux, vos parents ou même votre voisin trompettiste car quoi qu’ils aient pu vous casser à un moment donné de votre vie, oreilles, pieds ou autres, vous ne supporteriez pas qu’ils vous soient enlevés si sauvagement.  Sauf peut-être la trompette.

Après le choc, la vie continue comme on dit.  Mais pour Alan, tout s’est arrêté ici et un dernier combat est nécessaire, quitte à délaisser sa vie, car pour lui comme pour les héros de X-files, la vérité est ailleurs.  Le thème de la résilience est ici mis en scène avec d’un côté les proches qui tentent de tourner la page et de l’autre, Alan qui lui, continue la lutte, persuadé que la justice fait fausse route depuis le début.  Mais ne se battrait-il pas contre des moulins à vent pour atténuer la douleur ?  Le chercheur de vérité permettra aux copains de Boris Cyrulnik de longues discussions au coin du feu.

Cependant, malgré ces thématiques profondes et fort actuelles qui lanceront le débat, cet ouvrage reste un roman.  Et un roman est censé nous divertir, nous tenir en haleine de bout en bout, nous faire haïr jusqu’à la vingtième génération les méchants, nous donner l’envie de faire sauvagement l’amour à son héro viril ou à son héroïne drôle et impertinente, nous provoquer des insomnies jusqu’à 3 heures du matin ou nous faire parler de la trame palpitante du récit au boucher qui attend juste qu’on paie nos 200 grammes de jambon à l’os.

Or, James Robertson, dans une tentative de vouloir véhiculer des thématiques aussi intéressantes que la psychologie de l’être humain ou les failles du système judiciaire, en a oublié les ingrédients de base d’une fiction captivante.  De ce fait, l’intrigue du Chercheur de vérité reste trop faible pour en faire une histoire qui fera date.