Le tueur – Affaires d’Etat Tome2 – Circuit court

Scénario : Matz
Dessin : Luc Jacamon
Éditeur : Casterman
Sortie : 14 octobre 2020
Genre : Aventure, Action

Débuté en début d’année, le nouveau cycle des aventures du plus cynique des tueurs à gage du monde de la BD continue sa route avec un nouveau tome, Circuit court, qui nous emmène un peu plus loin dans la violence et les magouilles de la cité portuaire décrite dans le premier tome.

La démocratie, la justice, tous les grands principes qui sonnent bien et qui réconfortent les honnêtes gens sont bien fragiles face à la corruption, la cupidité, la violence et le clientélisme. Dans ce nouvel opus, le Tueur se retrouve au centre d’un combat qui l’emmène bien plus loin qu’on ne l’aurait cru au premier abord. Et quand ceux qui sont censés être les garants de l’ordre social dérapent, plus rien n’est sous contrôle.

Dès le premier opus, le scénario de Matz s’est éloigné de l’histoire d’un tueur à gage classique pour faire de cette œuvre une réflexion plus profonde sur les grands principes philosophiques qui régissent notre vie. Armé d’un cynisme sans faille, notre héros devisait sur la vie et la mort, notre hypocrisie par rapport à celle-ci et finalement le rôle salutaire que pouvait jouer un personnage comme le sien, se considérant comme un rouage nécessaire dans les relations sociales entre êtres humains.

Un tueur philosophe

Dans cette nouvelle série, il continue de philosopher sur notre impuissance à accepter la mort comme un mal nécessaire dans certaines circonstances, tout en rajoutant de nouveaux thèmes. Employé de bureau à mi-temps oblige, il nous distille aussi quelques vérités sur nos compromissions dans la vie quotidienne ainsi que la part d’absurdité dans celle-ci. De plus, il analyse avec rigueur le fonctionnement de nos cités, la corruption et le clientélisme qui parfois y règnent, entourloupes et bricolages pour s’assurer une relative paix sociale. Bien entendu, cela fait d’autant plus mouche que nous ne parlons plus de grands principes abstraits, mais de nos propres vies, de nos rapports avec les autres et de la manière dont nous gérons le vivre-ensemble.

Parler de barons de la drogue colombiens pouvait sembler lointain, évoquer la vie dans nos cités l’est beaucoup moins. A chaque cycle, Luc Jacamon aux pinceaux et Matz à l’écriture analysent avec pertinence et froideur les travers de notre société. Beaucoup penseront que le trait est exagéré, néanmoins, les aventures du tueur sont toujours aussi passionnantes et Circuit court reste dans la lignée de ses prédécesseurs, et pour les amateurs de BD, c’est le plus important.