« Le Bureau des policières », un passé encore bien présent

Titre : Le Bureau des policières
Auteur : Edward Conlon
Editions : Actes Sud
Date de parution : 11 mai 2022
Genre : Policier

Ancien détective à la police de New York ayant mené un temps la carrière de policier et de chroniqueur pour The New Yorker, Edward Colon parle avec une grande justesse de la difficulté d’être une femme dans certains corps de métier dans son dernier roman Le Bureau des policières.

Le Bronx, 1958. Le bureau des policières peine à gagner en crédibilité au sein du NYPD, même lorsqu’il résout des affaires sur lesquelles les hommes se sont cassé les dents. Jeune recrue issue d’une famille d’immigrés italiens catholiques, Marie Carrara essaie de trouver sa place au sein de cet univers sursaturé de testostérone. Elle refuse de se complaire dans des tâches de femme et n’aspire qu’à une chose : devenir enquêtrice.

Inspiré du combat de Marie-Cirile Spagnuolo, femme policière battue et fille d’immigrés, Le Bureau des policières est une plongée dans une époque que l’on espérait révolue mais dont les héritiers semblent toujours présents, à savoir celle du patriarcat et de la masculinité toxique. Ainsi, loin d’être un roman policier, le récit d’Edward Colon s’apparente plus à une dénonciation de pratiques révoltantes qu’à un polar classique, un rappel des faits pour que l’on n’oublie pas qu’entre conservatisme paternaliste et plus grand liberté individuelle, il n’y a que quelques années et manifestations progressistes d’écart.

Récit d’émancipation, il nous raconte à quel point le combat est rude pour les femmes – mais on pourrait extrapoler la réflexion à d’autres public marginalisés – pour obtenir dans un premier temps, le droit d’exister hors des cases dans lesquelles la société patriarcale les a assignées ainsi qu’un minimum de respect. Une œuvre relativement dure avec des passages choquants et surréalistes, mais un témoignage indispensable pour réaliser à quel point l’égalité et le respect ne vont pas de soi, devant souvent être imposé pour que les mentalités évoluent.