« Un sacré gueuleton » pour une promenade gustative et philosophique

Titre : Un sacré gueuleton
Auteur : Jim Harrison
Editions : J’ai Lu
Date de parution : 8 janvier 2020
Genre : recueil, essai

Mort en 2016 à 78 ans, Jim Harrison nous livre dans cet ouvrage posthume sa vision du monde à travers ses expériences culinaires en quarante-sept articles, publiés tout au long de sa vie.

Au menu, chroniques gastronomiques, réflexions sur la bouffe et anecdotes personnelles. Le plat de résistance est cette fameuse ripaille, à laquelle le livre doit son titre, au cours de laquelle Harrison et onze autres convives se partagent un repas de trente-sept plats et dix-neuf vins. L’évocation de ce souvenir et son menu donne au lecteur l’impression de prendre part à l’invraisemblable festin, jusqu’à en roter de satisfaction par moment, démontrant que la littérature ne nourrit pas qu’intellectuellement.

Outre la bouffe, ce livre passe en revue une grande variété d’autres sujets chers à son auteur. On peut ainsi le considérer à la fois comme une encyclopédie des vins, un recueil philosophique, un livre de recettes, un récit de voyage, une ode à la nature, aux animaux, à l’amitié et tout simplement à la vie, malgré la perte des proches, la maladie et la mort. (Il ne m’est apparu que très récemment qu’après ma mort je n’aurai peut-être plus le droit de manger. »)

Il y alterne considérations politiques et mystiques, œnologiques et littéraires, il s’exclame, se souvient, s’interroge, il rend hommage à la cuisine française et déplore la délectation du président Nixon pour le cottage cheese au ketchup, se réconcilie avec le vin blanc (même s’il conserve sa prédilection pour le rouge), il évoque des souvenirs de chasse et de pêche, parle de sport, de sexe, de musique et de marche intensive, qu’il pratique pour compenser les quantités extravagantes et gargantuesques qu’il est capable d’engloutir.

Il y a deux manières d’aborder ce livre : soit d’un trait, à la gloutonne, s’empiffrer des plus de 400 pages d’un coup, soit par petites doses à picorer selon ses envies. C’est inégal, jubilatoire et cafouilleux, grave et burlesque, nostalgique par moments, drôle souvent, toujours vivant.