L’amour c’est pour du beurre : récréation romantique

© Hubert Amiel

Mise en scène et écriture d‘Eline Schumacher. Jeu et écriture : Lucile Charnier, Mathylde Demarez, Thomas Dubot, Sarah Lefèvre, Titouan Quittot, Noémie Zurletti. Du 26 septembre au 7 octobre 2023 au Théâtre des Tanneurs. Du 11 au 14 octobre 2023 au Théâtre de Namur. Du 18 au 20 octobre 2023 au MARS (Mons – Arts de la scène).

L’ouverture des Tanneurs le 26.09.2023 est l’occasion de présenter la première représentation de L’Amour c’est pour du beurre. La jeune metteuse en scène Eline Schumacher, ancienne étudiante à l’INSAS, signe ici une pièce fantaisiste, où les codes du vaudeville et ceux du théâtre classique fusionnent. L’interprétation contemporaine de La Nuit Des Rois nous entraîne au cœur d’une Illyrie décalée.

Le plateau se transforme en cours de récréation. Du plafond, tombe les scripts, créant une cascade aux courants désordonnés. Les comédiens ont des voix, des déguisements et des postures enfantines. Et comme il est de mise au théâtre ils jouent, mais pas que. Chacun des protagonistes a l’air de laisser ses émotions le dominer et de ne plus dominer le texte, leurs répliques sont retranscrites à travers les affects qu’elles leur procurent. Une mise en abîme de la représentation qui pointe du doigt la force et la faiblesse du groupe, ici six personnalités hétérogènes qui cachent avec difficulté leur fragilité sous un masque. Timidité, amitié, créativité viennent se fondre sur la grandiloquence des monologues. Ce laboratoire de jeu dynamise un sommet de la littérature grâce à sa grande liberté actancielle.

Un puzzle narratif se créé, l’attention du spectateur oscille entre expression individuelle des personnages-acteurs et script shakespearien, les éléments s’en voient dynamités. Chacune des scénettes est animée d’une spontanéité juvénile qui tempère le romantisme propre à la rêverie amoureuse. Purement humaine et déjantée, l’atmosphère plonge la salle dans une confusion ludique. La poésie de La Nuit des Rois vient se mêler à cette tendre hérésie : nous nous amusons et d’un même coup nous révisons nos classiques. Le choix d’inverser les rôles – un jeune joue un vieux ou une femme un homme – nous ramène aux règles présentes à l’époque qui imposaient le travestissement. Carnavalesque, la dramaturgie se centre sur la répétition des textes et les interactions touchantes et maladroites qui en découlent. Un regard audacieux sur le monde du théâtre qui divertira tous les publics par son air faussement naïf et ses dialogues burlesques.