« La robe blanche », le roman de l’apaisement

Titre : La robe blanche
Autrice : Nathalie Léger
Editions : Folio
Date de parution : 19 novembre 2020
Genre : roman

Peut-on établir la paix grâce à une robe de mariée ? Pippa Bacca le croit, elle. Le 8 mars 2008, elle quitte sa ville natale, Milan, et entame son voyage sensé l’emmener dans les Balkans avant de rallier les pays du Moyen-Orient. Habillée d’une robe de mariée qu’elle doit garder tout au long de son périple qu’elle fera uniquement en stop, elle souhaite diffuser un message de paix et d’union, parler du mariage entre les peuples et les nations. Le 20 mars 2008, elle arrive en Turquie et sa performance artistique s’achève froidement. Elle est étranglée et violée avant d’être abandonnée.

A Nice, une jeune femme se débat avec les exhalaisons familiales du passé. Le mariage de ses parents a souffert des aléas du couple, de la lassitude et des reproches qui les a conduit au procès. Aujourd’hui encore, sa mère traîne ce procès et s’accroche à ce dossier élimé contenant toutes les humiliations et les injustices qu’elle a dû subir et affronter. Aujourd’hui encore, l’amertume est là, le besoin de réparation aussi. Alors, elle supplie sa fille de l’aider, de se souvenir et d’écrire. Sa fille, cette jeune femme, la narratrice aussi, elle n’en veut pas de ce poids. Elle ne comprend pas cette démarche et elle n’a pas envie de la comprendre, du moins pas chez sa mère.

Mais chez Pippa Bacca, oui. Vouant une obsession à l’artiste, pas après pas, image après image, elle ne retrace pas seulement la performance mais elle tente de répondre à cette question : une robe blanche suffit-elle à racheter les souffrances du monde ?

Ce roman est un souffle coupé, une parole avortée, une pensée inachevée qui tente d’exister et qui demande pardon et réparation. Le récit nous fait découvrir l’histoire tragique et réelle de Giuseppina Pasqualino di Marineo et sa quête de réparation s’entremêlant avec celle d’une femme réclamant justice et reconnaissance. La narratrice sert de lien et fait le pont entre ces deux personnages féminins se confondant dans leur envie de réconciliation, mais s’éloignant par les chemins qu’elles emprunteront.

La robe blanche est de ces récits doux-amers, qui nous maintiennent dans un état de torpeur nécessaire pour embrasser le flot de pensées qui jaillissent d’eux. Il convoque le lecteur, le prend à témoin sans le lâcher et lui demande de faire de même, de chercher sa propre paix, son propre acte de réparation car « le cerveau de celui qui regarde refait intérieurement les gestes de celui qui est là, en face de lui ».