« Ceci n’est pas mon corps », au cœur d’un scénario diabolique

Titre : Ceci n’est pas mon corps
Auteur : Enguerrand Guépy
Editions : Rocher
Date de parution : 10 mars 2021
Genre : Roman

Né en 1974 en Nouvelle-Calédonie, Enguerrand Guépy est un écrivain et metteur en scène de théâtre. En 2006, il publie son premier roman intitulé « L’Effervescence de la pitié ». Passionné par le 7e art, il a retracé, en 2016, les dernières heures de la vie de l’acteur Patrick Dewaere dans son livre « Un Fauve ».

« Ceci n’est pas mon corps » est inspiré de l’affaire Dandonneau, un fait divers français des années 80. Dans la nuit du 6 au 7 juin 1987, les pompiers sont appelés sur les lieux d’un accident de la route. A leur arrivée, ils découvrent le corps carbonisé d’Yves Dindonneau, un ancien agent d’assurances. Ce tragique et banal événement va peu à peu se transformer en une escroquerie machiavélique minutieusement étudiée. En effet, plusieurs découvertes déconcertantes (véritable identité du corps, multiples souscriptions à des contrats d’assurance-vie, …) viendront ébranler la thèse initiale des enquêteurs.

« C’est maintenant moi, le grand sorcier, s’était réjoui Dindonneau. Voyez comme je tiens les âmes dans ma main. Je n’aurai qu’à souffler et elles iront dans la direction que j’ai souhaitée »

Cette affaire criminelle a fasciné l’auteur pour de nombreuses raisons telles que le mythe du changement d’identité ou encore le plan élaboré suite à la lecture d’un livre de James M. Cain. Pour l’écrivain cinéphile, le lien entre Yves Dandonneau et son double, le personnage de Walter Neff n’est sans doute pas étranger à la genèse de l’écriture de ce roman. De nombreuses références cinématographiques, musicales ou littéraires sont disséminées dans cet écrit aux allures de scénario de film policier ponctué d’humour noir.

L’auteur décortique les motivations des différents suspects et énumère toutes les étapes nécessaires à l’élaboration de ce projet diabolique. Chaque phase est analysée et démontre une progression lente mais irréversible dans le machiavélisme et l’horreur. A l’image des livres d’Ann Rule, Enguerrand Guépy ne s’attarde pas sur des descriptions, explications trop longues et autres détails dénués d’intérêt. En moins de 200 pages, il embarque le lecteur dans une fable macabre et le tient en haleine jusqu’à la dernière ligne. Les chapitres courts de ce véritable page-turner sont portés par des titres savamment choisis comme par exemple « Petit traité de la résurrection des corps » ou encore « Composer ou incarner ? Telle est l’éternelle question ».

Nous recommandons cette lecture à tous les amateurs d’ « Enquêtes criminelles », « Faites entrer l’accusé » et autres émissions similaires sur la criminalité.