« Nature morte avec chien et chat », humour noir et déprime au programme

Titre : Nature morte avec chien et chat
Autrice : Binnie Kirshenbaum
Editions : Gaïa
Date de parution : 1er février 2021
Genre : Roman

Auteure de six romans et deux recueils de nouvelles, Binnie Kirshenbaum nous propose avec Nature morte avec chien et chat une plongée caustique dans le monde de la dépression. Salué par la critique lors de sa parution aux Etats-Unis, ce roman est un vrai bijou d’humour noir.

Au terme de plusieurs semaines de dépression sévère, Bunny, une écrivaine quadragénaire new-yorkaise, est internée en psychiatrie le soir du réveillon 2008 — la fête et les mondanités n’ont jamais été son truc. Sa vie bascule alors dans un univers parallèle où les couverts sont en plastique, les activités débilitantes et les comportements étranges. Encouragée à participer aux ateliers d’écriture de l’hôpital, Bunny révèle par petites touches des blessures non refermées, des relations familiales tumultueuses, et consigne avec causticité sa vie et celle de ses compagnons d’infortune, avec lesquels se tissent peu à peu des liens.

A la fois hilarant dans sa description caustique de son environnement mais aussi déchirant car il aborde de nombreux sujets d’une gravité extrême liée à la santé mentale, le récit de Binnie Kirshenbaum est nécessaire et salutaire. A la lecture de celui-ci, on éprouve en effet une grande empathie pour ces millions de personnes à l’esprit dérangé et on se pose de nombreuses questions sur la manière de les soigner. L’approche que certains pourraient qualifier d’industrielle à coup de médicaments et le manque d’écoute ne sont-ils pas le reflet d’une société elle-même malade ? La difficulté de reconnaître d’autres formes de normalité ne participe-t-elle pas également au phénomène ?

Grâce à une écriture incisive et à un découpage en de courts chapitres, l’auteure insuffle une grande énergie à son récit qui se lit avec une avidité compulsive. L’humour noir permet de continuer malgré la gravité du sujet et au final, on ressort de cette lecture avec une meilleure compréhension du phénomène mais aussi une plus grande empathie pour ceux qui souffrent de ne pas être dans la norme.