« Yummy », easter egg pour pervers voyeuristes

Yummy
de Lars Damoiseaux
Horreur
Avec Maaike Neuville, Bart Hollanders, Clara Cleymans

L’une souhaite une réduction mammaire, l’autre un nouveau lifting. Mais se rendre dans un hôpital obscur d’Europe de l’Est pour diminuer les frais, c’est s’exposer à des traitements de rajeunissement beaucoup trop expérimentaux pour être honnêtes…

Pourquoi pas, après tout ? On aurait voulu y croire, à ce film de genre à la sauce belge qui s’inspire ouvertement des bons films gore des années 80, des clichés de Hostel et des zombies de Georges A. Romero. Malheureusement, force est de constater qu’après nonante des plus longues minutes de cette année 2020, Yummy réussit la triste prouesse de n’être ni un bon navet, ni un bon film.

Plutôt que de sublimer ces références, Yummy choisit de s’y embourber, sans arriver à proposer quoi que ce soit de plus qu’une compilation de scènes gratuitement sanguinolentes, sans comprendre semble-t-il ce qui fait l’essence et l’attrait des films qu’il cite.

Adaptant son propre court métrage – car oui, c’est toujours une bonne idée – titré plus explicitement Patient Zero, Lars Damoiseaux peine à étoffer ses personnages, qui ne dépassent jamais le stade de la caricature et manquent cruellement d’intérêt. Médaille est néanmoins attribuée à la collection de personnages féminins plus clichés les uns que les autres. Au service d’une clique de machos pervers narcissiques catapultés protagonistes principaux sans raison, Alison, Janja, Sylvia n’apparaissent au final que comme des objets de sexualisation à outrance, tout juste bons à prendre les pires décisions aux meilleurs moments. En conséquence et sans surprises, les prestations des acteurs sont tantôt surjouées, tantôt plates, sans aucun relief autre que ceux donnés par un scénario cousu de fil blanc.

Que reste-t-il de Yummy après visionnage ? De bonnes intentions, peut-être. Un triste empilement de clichés sexistes, sûrement. Si le cinéma d’horreur, qu’il soit gore ou non, a conquis les salles obscures et les plateformes de VOD ces dernières années, c’est parce qu’il s’ancre dans la société contemporaine brutale et sans pitié, parce qu’il joue sur nos peurs et nos traumatismes les plus profondément enfouis ou encore parce qu’il attaque nos tabous là où ça fait mal.

Tout ce que le film aurait pu faire, s’il n’avait pas choisi de rester dans le bus avec sa clique de pervers voyeuristes, en manque de bonnets F et de cougars liposucées.