Ton absence de Daniele Luchetti

ton absence anni felici affiche

Ton absence

de Daniele Luchetti

Drame

Avec Kim Rossi Stuart, Micaela Ramazzotti, Martina Gedeck, Samuel Garofalo, Niccolo Calvagna

Sorti le 25 juin 2014

Critique :

Dans Ton Absence (Anni felici), le réalisateur Daniel Luchetti dresse un portrait sensible de l’Italie du milieu des années 70 à travers l’histoire d’une famille tumultueuse.

Rome, 1974. Guido (Kim Rossi Stuart) est un artiste en soif de reconnaissance. Pourfendeur de l’art dérangeant et transgressif, il souhaiterait être associé à l’avant-garde contemporaine mais n’y arrive pas. Sans nécessité, sans besoin vital, son travail artistique manque de style et d’obsession. Si ses performances mêlant femmes nues et peinture laissent les critiques plutôt indifférents ou dubitatifs, il n’en va pas de même pour sa femme, Serena (Micaela Ramazotti), qui voit rouge à la vue de tous ces modèles en petite tenue. Son intérêt pour l’art se limite essentiellement à l’artiste. Conformiste et jalouse, elle peine à comprendre les aspirations de son mari et souffre de ses incartades. Dario et Paolo, leurs enfants de 10 et 5 ans, seront les témoins des frasques du couple sans en comprendre véritablement les enjeux.

Vue à la hauteur d’un enfant de 10 ans, cette chronique familiale est teintée de fraicheur et d’authenticité. Elle parvient à capturer l’essence de cette époque riche en contradictions, oscillant entre modernité et tradition. Période charnière où les mœurs évoluent : les mouvements féministes et homosexuels voient le jour tandis que des performances artistiques sulfureuses donnent une nouvelle tonalité à l’art. En outre, l’histoire fait preuve d’acuité, et même de tendresse dans sa manière d’évoquer la complexité des relations familiales, à la fois douces et toxiques, en portant à l’écran plusieurs générations pas vraiment sur la même longueur d’ondes.

Plusieurs séquences tournées en super 8 par l’ainé des fils, avec sa caméra kodak, rendent également bien le grain et le parfum de ces années.

Le cinéaste italien avoue avoir décliné un motif très personnel dans cette chaine de sentiments familiaux. Son portrait de la mère est particulièrement attachant. Micaela Ramazotti incarne avec beaucoup de justesse une femme fragile et sensuelle vivant l’amour à travers les combats et les disputes. Peu à peu, elle va éclipser tous les autres personnages du film pour en devenir le sujet principal. Celui qui devra faire un retour sur lui-même pour faire évoluer la situation. On regrettera, cependant, que le film se resserre peu à peu autour des tensions familiales au détriment d’un regard ironique sur l’avant-garde artistique comme il tendait à le faire dans la première partie. Mais ce long-métrage reste néanmoins solaire et léger ; il nous emporte grâce à sa belle photographie et à sa mise en scène joyeuse.

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