SOS Fantômes – L’héritage : la recette pour faire une suite intelligente et divertissante

 

SOS Fantômes : L’héritage
de Jason Reitman
Comédie fantastique
Avec Carrie Coon, Finn Wolfhard, Mckenna Grace, Paul Rudd
Sortie le 17 novembre 2021

SOS Fantômes fait partie de ces sagas cultes – comme Indiana Jones, Star Wars, Die Hard, Terminator ou bientôt Scream, L’arme fatale et Top Gun – dont on aimerait inlassablement une suite, histoire de prolonger indéfiniment le plaisir qu’on a pris à les découvrir. Malheureusement, la découverte est passée et l’époque n’est plus la même. Dans ces conditions, il est presque impossible de réussir un nouveau volet de ces franchises à succès (avec peut-être comme exception Mad Max Fury Road ?).

En général, la suite est envisagée surtout comme une manne à pognon pour producteurs en manque d’imagination et la méthode se résume en deux points : la suite sans relief qui va faire illusion ou la suite ultra-référencée afin de séduire les fans « hardcore ». Dans la première catégorie, on reprend le même schéma et le même personnage mais on recommence en moins bien. Dans la deuxième, c’est un peu plus subtil, car on tente de créer la nouveauté sans oublier d’incruster furtivement d’anciens personnages et de faire des références foireuses aux anciens volets de la saga.

En 2016, Paul Feig a connu le succès avec son actrice fétiche, Melissa McCarthy, dans trois comédies féminines : Mes meilleures amies, Les flingueuses et Spy. Pour les studios, le timing est parfait, il sera le réalisateur idéal pour s’attaquer à un remake de SOS Fantômes, tout en y insufflant un féminisme qui leur permettra de faire bon genre à une époque où Hollywood se doit de montrer qu’il n’est pas qu’un univers machiste. Ce qui, évidemment, ne plaira pas à la fan base et le film sera jugé avant même d’être sorti. Pourtant, tout n’était pas à jeter, l’énergie des comédiennes permettant de passer un très bon moment.

Cette année, une nouvelle tentative voit le jour mais au lieu du casting féminin, ce nouvel opus surfe sur la vague rétro des eighties initiée par Super 8 et confirmée par l’énorme succès de Stranger Things. Le principe ? Faire vivre à des ados des aventures complètement folles dans le style des films Amblin (Les Goonies, Retour vers le futur, ET, etc.). Si tout laisse présager une nouvelle suite décevante, naviguant sur une mode épuisante, les images du premier trailer et le choix de Jason Reitman, fils du réalisateur original (Ivan Reitman), font douter le public. Peut-être n’est-ce pas une si mauvaise idée en fin de compte ?  L’intuition se confirme : si SOS Fantômes : l’héritage remplit le cahier de charges des suites, il le fait pour une fois intelligemment.

Le film démarre de manière impressionnante avec une course poursuite entre ce qu’on devine être Egon Spengler trente ans plus tard et une menace fantôme sans précédent. Une course poursuite fatale pour son héros rappelant la disparition de l’acteur l’interprétant dans la franchise originale, Harold Ramis (pour qui le film est aussi un bel hommage). Ce point de départ va permettre de faire venir Callie, sa fille qui ne l’a pas vu depuis des années, endettée et obligée de venir s’installer dans l’étrange maison d’Egon, accompagnée de ses enfants Phoebe et Trevor. Mais Egon ne s’est pas enfui dans ce patelin paumé pour rien et d’étranges phénomènes vont petit à petit se déclencher pendant que les deux enfants vont tenter de s’intégrer dans ce nouveau monde et découvrir l’ancien matériel des « SOS Fantômes ».

Si la part belle est donnée aux enfants (surtout l’actrice Mckenna Grace dont le charisme éblouit le film et prédit déjà une future belle carrière), rien n’est laissé au hasard par Jason Reitman. Les clins d’œil (le Bibendum Chamallow, le Twinkie, etc.), le fait d’expliquer les évènements qui se sont déroulés tout au long des trente dernières années et l’apparition des personnages originaux ne sont pas là pour contenter les fans, mais font partie intégrante du scénario. Hormis Sigourney Weaver, les quatre autres survivants ont tous un vrai rôle dans l’histoire : l’ancienne secrétaire, Janine Melnitz, est par exemple, étonnamment présente tout le long du film pour lier l’histoire d’Egon Spengler dont elle est restée proche avec d’abord, la jeune famille puis, avec les anciens chasseurs de fantômes.

A côté de ces insertions réussies, le film n’oublie pas de divertir et propose un grand spectacle de qualité ponctué de passages humoristiques sympathiques (à l’image de Paul Rudd, impeccable, dans un second rôle truculent), afin de séduire un public actuel à ces histoires de chasseurs de fantômes.

Au final, même si on peut reprocher une histoire un peu trop similaire au premier épisode, force est de constater que, même s’il est impossible de retrouver le plaisir des films originaux, cette nouvelle version de SOS Fantômes réussit là où peu y sont parvenus : faire revivre une franchise des décennies après. La recette ? Faire en sorte que les hommages au matériau originel fassent partie intégrante de la nouvelle histoire et ne pas oublier pas de servir au public un divertissement de qualité. Mais il est aussi essentiel que le public ne condamne pas d’avance toute tentative de lui plaire et accepte de se prendre au jeu.

(N’oubliez pas de rester jusqu’à la toute fin !)

A propos Loïc Smars 484 Articles
Fondateur et rédacteur en chef du Suricate Magazine