« Haute couture », un film percutant sur la deuxième chance

Haute couture
de Sylvie Ohayon
Comédie dramatique
Avec Nathalie Baye, Lyna Khoudri, Pascale Arbillot
Sorti le 17 novembre 2021

Haute couture nous raconte l’histoire de deux femmes que tout sépare mais qui vont s’aider à grandir : une sexagénaire chef de l’atelier couture de Dior et une banlieusarde paumée. Ce film touchant met en scène transmission et émancipation sociale grâce à une rencontre qui change une vie, par le fait d’exister et d’être reconnu par l’autre. Nathalie Baye et Lyna Khoudri incarnent ici des femmes complexes, de manière subtile et percutante.

Nathalie Baye incarne Esther, une chef couturière dans les ateliers de Dior qui approche de la retraite après avoir tout donné à son travail et vit dans une grande solitude. Elle rencontre Jade, interprétée par la jolie actrice franco-algérienne Lyna Khoudri, quand celle-ci lui ramène le sac qu’elle lui a préalablement volé dans le métro. Interpellée par cette jeune fille en qui elle décèle un potentiel, elle décide de lui transmettre son métier. Jade saisit cette chance mais doit se faire violence pour rentrer dans le moule et s’affranchir de ses manières de racaille et des préjugés d’une des couturières.

Relations mère/fille

Ce film, très féminin, traite de nombreuses problématiques avec une trame de parcours initiatique qui nous tient en haleine : faire quelque chose de sa vie, relations mère/fille, avoir une seconde chance, la solitude et l’amitié, partir à la retraite, se reconstruire.

Nathalie Baye dans le personnage d’Esther est toujours juste, avec une pudeur dans l’expression des sentiments. Elle incarne ce puissant besoin de transmission qui peut nous animer pour se sentir exister. Esther a des mots puissants sur son travail, qu’elle n’envisage en rien comme un simple job ou boulot : « un métier, ça nourrit la fierté, l’imaginaire, le sentiment d’être utile ». Jade le comprend mais son côté brut de décoffrage l’amène plus d’une fois à risquer de tout foutre en l’air… Face à sa mère dépressive et qui la tire vers le bas, elle s’accroche. Clothilde Coureau nous interpelle dans son personnage de mère paumée qui dépend de sa fille et de la gentillesse de ses voisins. Grâce à elle, on entrevoit la solidarité et la chaleur humaine qui règnent au sein de la cité, un cocon à la fois protecteur et destructeur.

La France des cités

Pour son deuxième film après Papa Was Not A Rolling Stone, Sylvie Ohaillon a manié la caméra afin de capter au mieux les expressions des actrices et leurs micro-mouvements en couture. Dans l’atelier Dior, tout est filmé avec une caméra sur pied pour immerger le spectateur dans l’atelier avec une lumière très chaude, douce, enveloppante. Dans la cité, la réalisatrice a filmé caméra à l’épaule pour capter l’agitation ambiante et avec une lumière plus chaotique.

Haute couture est un film qui célèbre la France, entre Dior, Paris, la gouaille populaire et une bande-son qui fait la part belle à Jean-Jacques Goldmann. La réalisatrice Sylvie Ohayon, elle-même ancienne banlieusarde de confession juive, le revendique ouvertement : elle veut célébrer la diversité et mixité française à laquelle elle est attachée et qui l’ont formée.