La Promesse de l’aube, le parcours édifiant de Romain Gary

La Promesse de l’aube

d’Éric Barbier

Drame

Avec Pierre Niney, Charlotte Gainsbourg, Didier Bourdon, Jean-Pierre Darroussin, Finnegan Oldfield

Sorti le 20 décembre 2017

De son enfance en Pologne à sa réussite en tant qu’écrivain, en passant par son adolescence à Nice et de ses exploits en tant qu’aviateur durant la Seconde Guerre mondiale, la vie du jeune Roman Kecew a toujours été traversée par la présence déterminante mais néanmoins envahissante de sa mère qui le chérissait au point de le pousser sans cesse à se dépasser pour faire de lui l’homme d’exception qu’elle rêvait qu’il soit.

En adaptant le roman autobiographique de Romain Gary, retraçant l’enfance et la jeunesse de celui-ci, et plus particulièrement sa relation avec sa mère, Eric Barbier tend à rompre avec la mouvance de films plutôt mineurs qu’il a réalisés lors de la dernière décennie (Le Serpent et Le Dernier Diamant, petits polars noirs mettant en scène Yvan Attal) et à faire dans la reconstitution « majeure », dans le film patrimonial de facture classique et grandiloquente.

S’attaquer à une œuvre aussi renommée que celle de Gary fait automatiquement entrer le film dans le domaine d’un cinéma à portée culturelle, ce que certains spectateurs pour lesquels les films doivent automatiquement véhiculer un message ou des bons sentiments qualifient de « beaux films ». La Promesse de l’aube fait assurément partie de ces films « bien faits », à l’habillage extrêmement classique et jouant sur la corde sensible.

Il faut dire que le casting et ce à quoi il se frotte est également symptomatique de ce type de cinéma : tandis que des seconds rôles de luxe se contentent de quelques scènes et de personnages caricaturaux reprenant les grandes caractéristiques d’emplois déjà endossés par le passé – Didier Bourdon en ivrogne comique, Jean-Pierre Darroussin en artiste au grand cœur –, Charlotte Gainsbourg cabotine dans le rôle d’une mère courage qui lui permet de couvrir plusieurs années de vie et donc de se vieillir, de s’enlaidir, dans une grande course effrénée au César. Enfin, l’acteur « biopic » par excellence, l’inénarrable Pierre Niney a une nouvelle fois l’occasion d’incarner un personnage réel, registre auquel il semble désormais abonné et cantonné, après avoir interprété Yves Saint-Laurent et Philippe Cousteau.

Tout est donc mis en œuvre, dans La Promesse de l’aube, pour ne jamais dépasser du cadre, ne jamais s’éloigner de ce que l’on attend d’un film « littéraire », d’une illustration au premier degré et désespérément fidèle d’un roman patrimonial. C’est toute une conception du cinéma qui est à l’œuvre ici, celle des « beaux paysages » et des « bons acteurs », celle qui ne s’embarrasse pas trop d’une quelconque mise en scène ou d’un quelconque point de vue d’auteur. Une conception que l’on espérait en perte de vitesse mais qui a vraisemblablement la vie dure.