Nuits Botanique : Chapelier Fou

Cinq ans se sont écoulés depuis la sortie de son premier EP, Darling Darling Darling (2009). Cinq ans durant lesquels le lorrain a sorti quatre EP, deux albums, plusieurs mises en musique de films, reportages, publicités, une tournée mondiale, des morceaux dans les playlists de dj’s pointus, une renommée internationale à la mesure de son talent. Difficile de cataloguer cet homme-orchestre dans ce mélange hybride de musique classique et d’expérimentations psychédélico-électroniques.

Avec son nouveau Delta, le Chapelier Fou confirme son statut de compositeur complet et s’éloigne de sa réputation de «bricoleur sonore», avec l’ambition de donner une dimension nouvelle à son œuvre. Chaque titre est un intéressant et passionnant paradoxe, où la beauté des mélodies se mesure à des structures inattendues, jamais balisées, et cependant incroyablement cohérentes. Louis va plus loin dans sa démarche de composition, mystérieuse mais toujours inspirée.

C’est la première fois que l’artiste est accompagné de d’autres musiciens sur scène. Camille (violoncelle), Chaton (alto-synthé) et Maxime (Clarinette) s’installent en demi-lune aux côtés du Chef d’orchestre. Cette disposition permet aux quatre compères de se voir durant la prestation et le doute n’est pas permis, les regards et les sourires échangés sont les manifestations du plaisir à jouer ensemble.

Le spectacle débute avec Grand Arctica et je dis bien spectacle, car le show est autant musical que visuel, entre le jeu complice des musiciens, les lasers psychédéliques et les montées chromatiques des morceaux.

Immédiatement, nous sommes sous le charme de l’entêtante ritournelle cadencée par les cordes.  On a l’impression d’assister à une discussion musicale entre violon et alto.

Le public explose sur Triads for two puis sur le morceau phare Tea Tea Tea. Les morceaux s’enchaînent entre ancien et nouvel album.

Sur Cyclope et Othello, le set s’emballe, sous les rayons verts  déchirant l’épaisse fumée. Nous sommes happés par cette part de mystère qui englobe les compositions.

Bémol toutefois, deux morceaux chantés par une voix inaudible, et quand elle l’est il y a comme une discordance entre les harmonies des instruments et le chant. Le Chapelier perd brièvement l’attention du public, une poignée d’auditeurs moins réceptifs désertent le Chapiteau.

Point d’orgue de la prestation, Polish Lullaby interprétée en acoustique relance le rythme, comme si le Chapelier voulait associer le public à ce petit moment d’intimité.

Nous sortons de cette torpeur avec le métallique Fritz Lang puis le synthétique i_o. Le set s’achève sur le très efficace Carlotta Valdes.

Le public électrisé en redemande. Le Maestro Warynski revient, seul, et entame Protest. Il sera rapidement rejoint par les autres musiciens pour marquer le final de ce show avec le classique Darling Darling Darling tant attendu du public.

Le Chapelier ne résistera pas au second et dernier rappel, et c’est sur le très expérimental mais tout aussi assumé Pentogan 3.14, ponctuera son grand final.

Une prestation intéressante et captivante, pas toujours accessible, à l’image de Delta, mais qui force l’admiration par cette faculté de se renouveler même en live. Une jolie confirmation.

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