Mes voisins les esprits, une autre conception du monde

Scénario et dessin : Shirotori Ushio
Éditeur : Doki Doki
Sortie : 07/2019
Genre : Manga, seinen

Mes voisins les esprits, le premier manga de Shirotori Ushio, est une plongée dans le monde du folklore japonais, à la découverte des yōkai et de leur histoire. Paru au Japon en 2018, c’est l’éditeur Doki Doki qui s’est chargé de l’adaptation française, à présent complète.

Takahara Yachiho, une lycéenne, vient d’emménager dans une maison hantée à la périphérie de la ville. Avec seulement son chat Fuku comme compagnie, Yachiho est perturbée par des sons étranges et des événements… jusqu’au jour où elle rencontre un petit passage menant à un étage inférieur caché. Elle y découvre des esprits de toutes formes et de toutes tailles, guidés par le minuscule Moro. Si Yachiho veut continuer à vivre ici, elle devra s’occuper de ses habitants et trouver un livre mystérieux qui pourrait être la clé pour localiser sa mère disparue.

Un monde merveilleux

Présenté avant tout comme un pays de haute technologie, on oublie souvent que le Japon possède une forte tradition folklorique et que la notion d’esprit ou de créatures légendaires, yōkai, est encore fortement ancrée dans le quotidien de nombreuses personnes. Des esprits qui incarnent des phénomènes naturels, ou sont utilisés dans les contes pour enseigner des notions philosophiques aux enfants. Mes voisins les esprits fournit aux lecteurs l’occasion de se familiariser avec un yokai par chapitre, que ce soit un kodama, qui fait pousser la végétation, ou un mukimari no kami, qui absorbe l’eau et la répartit sur les terres qui en ont besoin. Toutes ces rencontres vont dès lors faire avancer le récit, tout en produisant également des situations cocasses, la vie dans une maison remplie d’esprits demandant de la bonne volonté et de la patience.

Graphiquement, on saluera le travail de Shirotori Ushio qui produit un très bel album avec des décors très présents, clairs et agréables, une héroïne charismatique, et surtout des créatures légendaires dont le design reprend les caractéristiques typiques du folklore nippon : dragon longiligne avec une fine moustache, divinités de la pluie et de la foudre sur leur petit nuage, kodamas aux yeux ronds et noirs.

Au final, Mes voisins les esprits est un album qui nous a séduit par la délicatesse du ton, l’humour très présent et surtout un graphisme qui donne envie d’en connaître plus sur ce monde des esprits, si éloigné de notre conception occidentale de l’univers.