Madre, un drame intimiste confus

Madre
de Rodrigo Sorogoyen
Drame
Avec Marta Nieto, Anne Consigny, Alex Brendemühl
Sortie le 22 juillet 2020

Rodrigo Sorogoyen, dont le dernier film, El Reino, sorti chez nous en avril 2019, avait reçu de nombreux Goyas (récompenses du cinéma espagnol), nous revient avec un drame intimiste, Madre. Sorti d’abord sous forme de court-métrage dans lequel le réalisateur nous décrivait la scène initiale entre Elena et son fils, ce film tente avec difficulté d’élargir le propos et de nous parler de la reconstruction de cette mère qui depuis le drame, vit une vie quasi monacale au bord de l’océan, comme si la proximité avec le lieu du drame pouvait exorciser ses peurs.

De la difficulté de se reconstruire

Dix ans se sont écoulés depuis que le fils d’Elena, alors âgé de 6 ans, a disparu. Dix ans depuis ce coup de téléphone où seul et perdu sur une plage des Landes, il lui disait qu’il ne trouvait plus son père. Aujourd’hui, Elena y vit et y travaille dans un restaurant de bord de mer. Dévastée depuis ce tragique épisode, sa vie suit son cours tant bien que mal. Jusqu’à ce jour où elle rencontre un adolescent, Jean, qui lui rappelle furieusement son fils disparu…

Dès le départ, Rodrigo Sorogoyen adopte un style de narration lente et un ton ambigu pour nous décrire la relation entre Jean et Elena. Bouleversée par cette apparition mais ne sachant pas comment réagir, Elena se laisse dériver, envahie par des sentiments confus, entre amour maternel impossible et attirance physique interdite pour le jeune adolescent. Le spectateur ne sait pas dès lors sur quel pied danser et il se dégage du film un sentiment de torpeur et de confusion assez malsain.

Parti d’une idée intéressante, le réalisateur n’a malheureusement pas su concrétiser son projet, la faute à un scénario trop confus. Et si Rodrigo Sorogoyen maîtrise toujours aussi bien la direction d’acteurs ainsi que la photographie, il semble qu’il n’ait pas encore réussi à trouver le ton juste pour les drames intimistes.