Histoire mondiale des Cours – de l’Antiquité à nos jours

titre : Histoire mondiale des Cours – de l’Antiquité à nos jours
auteurs : Victor Battaggion et Thierry Sarmant
édition : Perrin
sortie : 17 janvier 2019
genre : histoire

Un tour d’horizon complet des cours royales à travers l’Histoire

Qu’est-ce qu’une cour ? Non, on ne parle pas de la cour de récré ou de la cour qui précède votre jardin. Pour faire… court, une cour définit l’ensemble des personnes qui gravitent autour de la personne du roi. Nobles ou pas, plus ou moins éloignés ou carrément étrangers au noyau familial, amis proches couverts de privilèges ou courtisans déchus prêts à subir toutes les humiliations possibles pour regagner des faveurs, les courtisans sont tous très différents mais ils ont un point commun : leur vie toute entière est attachée au service du roi. Leur rôle est attribué avec précision, leurs charges leurs sont octroyées selon leur degré de parenté avec le souverain et se transmettent de manière héréditaire. En gros, si vous étiez noble et aviez de la parentèle à la cour, vous n’aviez pas le choix, votre vie était toute tracée d’avance sans espoir de pouvoir s’en écarter. En outre, la moindre de vos demandes devait être avant tout acceptée par le roi himself ! En somme, vous n’aviez aucune liberté de décision et il ne vous restait plus qu’à vous adapter tant bien que mal à ce monde rigide et codifié à l’extrême pour magnifier et glorifier un être que l’on considère “supérieur” aux autres hommes. Une vie de servilité à obéir aveuglément aux ordres d’un dieu incontesté et incontestable. Ça donne envie, non ?

Mais ce pharaon, ce shah, cet empereur, ce roi, peu importe comment on le nomme, cet être en qui se concentre l’entièreté du pouvoir de son royaume, objet de toutes les dévotions et de tous les honneurs, qui est-il ? Comment est-il arrivé à la position la plus élevée dans une société ? Quelles sont les stratégies mises en œuvre pour transmettre cette fonction à un successeur qui sera issu de la même famille de préférence dans le seul but de faire perdurer la lignée ? Quelle politique adoptent-ils pour se maintenir au pouvoir ? Comment le centralisent-ils ? Quels sont les rites utilisés pour magnifier le souverain, ceux qui forment le ciment de l’autorité royale en octroyant à la personne du roi une aura surnaturelle et l’enracine durablement dans cette position ? Ce ne sont que quelques-unes des questions auxquelles vont tenter de répondre une armée d’historiens reconnus sous la direction de Victor Battaggion, rédacteur en chef adjoint du magazine Historia et Thierry Sarmant, conservateur en chef du patrimoine et directeur des collections du Mobilier national (France); dans ce nouvel ouvrage historique de synthèse publié chez Perrin : Histoire mondiale des Cours – de l’Antiquité à nos jours.

Néanmoins, ne devient pas roi qui veut ! Souvent, l’accession au pouvoir royal est le résultat d’un long et éprouvant chemin pavé de guerres, d’assassinats, de conquêtes, de défaites, d’alliances, de trahisons et d’unions matrimoniales avantageuses. Plus la société se complexifie, plus les rituels célébrant la personne royale se codifient. Lorsque le sommet est atteint, encore faut-il arriver à y rester et le simple mortel qui a eu à l’origine peut-être plus d’intelligence et de chance que les autres en parvenant à conquérir la plus haute fonction, va peu à peu être divinisé. D’abord pour bien marquer sa différence avec le reste de la population mais surtout, pour que l’autorité qu’il exerce sur elle devienne légitime et incontestable. Le roi qui longtemps avait été considéré comme le messager des dieux, le lien entre le divin et le profane, devient la personnification du dieu sur terre. En rendant le souverain sacré, on le rend unique et extraordinaire. Pour renforcer cette idée, toutes sortes de rituels sont créés pour faire du roi un objet de dévotion : chacune de ses apparitions va être minutieusement pensée pour le mettre en valeur, son accès n’est réservé qu’à une poignée de privilégiés ; on érige des palais somptueux qui centralisent le pouvoir et où le cérémonial est codifié à l’extrême comme le démontre l’étude des célèbres dynasties de l’Égypte ancienne ou encore le principe de monarchie absolue de droit divin instaurée par Louis XIV.

Malheureusement, cette déification du personnage royal finit par couper complètement le roi du reste de son peuple. Le roi et sa cour vivent dans un monde autarcique, ils se replient sur eux-mêmes restent entre eux et s’isolent en perpétuant un cérémonial qui symboliquement reste immuable mais n’en est pas moins totalement dénué de sens pour l’immense majorité de la population. Cet isolement les a rendu sourds et aveugles aux considérations d’un peuple en détresse qui ne comprend pas pourquoi un roi lointain sensé les protéger et pourvoir à leur bien-être, les saigne à blanc et les laisse dans la misère pour assouvir ses envies personnelles. Alors que durant la Renaissance, les cours royales étaient itinérantes et parcouraient leur royaume de long en large pour aller à la rencontre de leur peuple, à l’époque de Louis XIV et ensuite de ses successeurs dont le malheureux Louis XVI qui y perdra sa tête, le roi s’enferme dans sa tour d’ivoire et ne nourrit plus le lien qui l’unit à son peuple. C’est cette rupture qui mènera aux révolutions et à l’anéantissement de la plupart des monarchies mondiales.

Pourtant, il est indéniable que les cours royales nous fascinent toujours. Il suffit pour s’en rendre compte de voir l’euphorie et le battage médiatique engendrés par les mariages de Kate et William et de Meghan et Harry. La cour royale d’Angleterre, la plus fastueuse d’Europe, est l’exemple le plus représentatif d’une cour qui maintient ses traditions et conserve son autorité tout en évoluant avec son temps. La famille royale anglaise est au sommet de sa popularité et cela en fait une vitrine pour le royaume, ramenant lustre et prestige à la monarchie régnante qui retombe ensuite sur la nation tout entière.

Histoire mondiale des Cours est un ouvrage de synthèse vraiment intéressant parce qu’il nous donne une vue d’ensemble sur les cours de l’Antiquité à nos jours, en nous livrant un échantillon détaillé des grandes monarchies qui ont régné sur tous les continents. Cela nous permet de les comparer entre elles, de faire le compte des différences et des points communs, de considérer l’évolution du modèle monarchique dans le temps et de comprendre que le système dans lequel on évolue n’est qu’une résurgence de ce modèle – en France, le président cumule à la fois les fonctions de roi et de premier ministre – avec des règles et une étiquette qui puise toujours leurs racines dans un passé qui nous rend un brin nostalgique.

A propos Daphné Troniseck 254 Articles
Journaliste du Suricate Magazine