« Adorables », les vieux enfants !

Adorables
de Solange Cicurel
Comédie
Avec Elsa Zylberstein, Lucien Jean-Baptiste, Ioni Matos
Sortie le 29 juillet 2020

Après avoir troqué, après vingt ans de carrière, sa toge d’avocate pour une caméra, Solange Cicurel semble s’épanouir dans sa nouvelle vie. On en veut pour preuve la joie non dissimulée de l’intéressée lorsqu’elle évoque ses réalisations passées, présentes et futures. Après avoir fait son baptême du feu en 2016 avec la comédie girly et légère Faut pas lui dire, la cinéaste belge nous propose cet été Adorables, une caricature drolatique des relations parents-ados, mais pas seulement !

Adorables raconte l’histoire de Lila (Ioni Matos), une jeune fille de 14 ans qui entre tout doucement dans sa crise d’adolescence. Alors qu’elle entretenait jusque-là une relation idyllique avec sa mère (Elsa Zylberstein), Lila va entrer petit à petit en conflit avec cette dernière. Mais ce qui devait rester une simple tension parent-ado va se transformer en une guerre de tranchées où tous les coups seront permis.

Même si son scénario exploite un stéréotype des relations intra-familiales, il faut bien avouer qu’Adorables tombe à point nommé en cette période post-confinement où les nerfs de chacun ont été – parfois – mis à rude épreuve. En effet, quoi de plus jouissif pour les spectateurs que d’apercevoir l’histoire de cette mère célibataire, passant de complice à adversaire aux yeux de sa fille ? Une situation qui aurait pu faire pleurer sous la houlette de Ken Loach, mais qui sert avant tout à faire rire avec Solange Cicurel. Et pour cause, la réalisatrice – aussi scénariste – a réussi à insuffler à son récit une dimension burlesque quasi permanente, grâce un numéro d’équilibriste savamment réfléchi. C’est en effet en alternant les clichés et les vérités que l’intéressée est arrivée à nous sortir une comédie tout public.

Ne restait alors plus pour Solange Cicurel que de forcer le trait et de « névroser » ses personnages. Et c’est sur ce point que la réalisatrice frappe fort. De fait, celle-ci arrive à noyer le problème de fond – la crise d’adolescence – en mettant tous ses personnages en abîme, sans exception. La crise de Lila se partage alors entre tous les protagonistes du récit et personne n’en sortira indemne. Un choix narratif efficace, même s’il amène inexorablement son lot d’exagérations.

Enfin, il faut souligner la plus-value apportée par le casting. Si le duo Elsa Zylberstein – Lucien Jean-Baptiste fonctionne à merveille, c’est certainement la jeune Farciennoise Ioni Matos qui crève l’écran. Son interprétation est juste, pleine d’émotion et de naturel. Un talent intrinsèque que Solange Cicurel a su guider et bien entourer.

En résumé, Adorables est une comédie à la fois simple et efficace qui nous rappelle qu’un adolescent se cache en chacun de nous.

A propos Matthieu Matthys 919 Articles
Directeur de publication - responsable cinéma et littérature du Suricate Magazine.