L’Homme indigo : une lecture aux couleurs pastel

Titre : L’Homme indigo
Autrice : Muriel Lecou Sauvaire
Editions : Pygmalion
Date de parution : 23 octobre 2019
Genre : roman

Cyril, jeune interne en réanimation néonatale dans un hôpital parisien, est de retour dans sa Bretagne natale pour l’enterrement de sa mère, Elsa. Il n’a pas pris la peine de prévenir Catherine, sa petite amie, qui s’étonne de ne plus avoir de nouvelles. Arrivé dans le village de Bréhat, Cyril retrouve son amie d’enfance, Odile. Avec elle, il va tenter de comprendre cette mère dont il a l’impression qu’il ne sait rien. Pourquoi était-elle si distante avec lui ? Pourquoi a-t-elle écrit un journal intime en son nom à lui ? Pourquoi les gens du village la détestaient-ils tant ? Pourquoi cette fascination pour les couleurs de l’arc-en-ciel ? Plus qu’un processus de deuil, Cyril va devoir mener une véritable enquête pour découvrir le terrible secret de sa famille.

L’Homme indigo fait partie de ces romans qui laissent derrière eux un léger sentiment de nostalgie. Muriel Lecou Sauvaire décrit la Bretagne comme on l’imagine : pleine de paysages où la nature a encore ses droits, où la mer fait partie de la vie quotidienne, où les gens ont leurs propres règles. À l’image du personnage d’Elsa, l’autrice insiste sur la présence des couleurs et dépeint une Bretagne contrastée, lumineuse et sombre, mouvante et immobile.

Ce roman aborde avec douceur et bienveillance la question des secrets de famille et surtout des conséquences que de tels non-dits peuvent avoir sur les générations suivantes. Le style est simple et facile à lire, ce qui permet une lecture calme et reposante. Cela dit, certains passages, particulièrement en début de livre, mériteraient un peu plus de clarté. En effet, il n’est pas évident de comprendre l’histoire quand, dès le début, on se demande qui parle et où se situe l’action. Cela dit, ce petit désagrément est vite oublié à partir du moment où le décor est planté.

Les personnages sont attachants et mettent en évidence la complexité et les beautés des liens humains. Elsa, la mère de Cyril, incarne la personne blessée et incomprise, jugée et rejetée par ses pairs desquels elle aurait tant eu besoin de soutien. Cyril est cet enfant qui a manqué de repères émotionnels et qui ignore donc comment se comporter une fois atteint l’âge adulte. Odile est le lien vers le passé, le pilier de la construction, le garde-fou qui permet de comprendre le présent et d’avancer vers l’avenir. Catherine est la petite graine d’espoir qui n’attend que de germer dans l’avenir. Autant d’éléments qui évoluent ensemble dans un système, un village peuplé d’esprits négatifs, représentants ceux dont nous ne devons pas nous soucier afin de préserver notre paix intérieure.

Ce qu’il faut retenir de cet ouvrage, c’est la poésie qui s’y trouve et qui lui donne un air de conte. Avec douceur, il nous rappelle à quel point le passé peut, même inconsciemment, impacter notre présent.