Blood Sisters, un roman gigogne

Titre : Blood Sisters
Auteure : Jane Corry
Editions : Pygmalion
Date de parution : 12 juin 2019
Genre : thriller

L’histoire est celle d’Alison et de Kitty, deux sœurs nées de pères différents, l’une gentille et douce, l’autre méchante et tyrannique. Elles se chamaillent comme deux sœurs pourraient le faire. Une sororité atomique et critique tenant, par miracle, grâce au duo amour-haine qui semble régir de nombreux liens de ce genre. A l’adolescence, la vie commence et Kitty ne se rend compte de rien, la tyrannie n’est qu’une manière d’être pour elle. Mais à trop pousser la gentillesse de sa sœur,  le drame survient. Le temps passe, Alison a grandi. Elle est seule et vient de décrocher un travail dans une prison. Kitty aussi a grandi, mais dans un corps cloué dans un fauteuil roulant. Les deux sœurs ont, à leur manière, effacé le passé. Mais il se rappelle toujours à qui tente de faire sans. Elles vont toutes les deux se confronter à un passé vengeur et révélateur.

Sorti en juin dernier aux éditions Pygmalion, Blood Sisters recèle un thriller efficace du, en grande partie, aux portraits qu’il dépeint. Protagonistes du récit imaginé par Jane Corry, les deux sœurs bénéficient en effet de deux traitements intéressants. D’une part, le personnage de Kitty est succulent, tout comme la manière, frontale et audacieuse, avec laquelle l’auteure traite le handicap. Alors que généralement, on s’attarde sur les causes, les répercussions, les épreuves et les douleurs vécues par les proches, on ne s’attarde que trop rarement sur le quotidien. Et de surcroît, il fallait beaucoup de délicatesse et de bienveillance pour pouvoir donner la parole à quelqu’un qui l’a perdue. Ce tour de passe-passe d’écrivain est tellement réussi qu’il vaut à lui seul la lecture de cet ouvrage de 500 pages. D’autre part, le personnage d’Alison est, lui, davantage dans la retenue, dans la rétention d’informations et de souvenirs. Alison qui, à l’inverse de sa soeur, a tout pour pouvoir parler se terre dans le silence. Son personnage est en souffrance, dans une culpabilité profonde qui la pousse à se saigner de temps en temps pour expier la honte.

Cela ne fait aucun doute, la qualité de l’écriture est élevée dans le chef de Jane Corry. A travers sa plume, on ressent une vraie intelligence scénaristique, ce qui procure au lecteur un plaisir certain. Mais si tout semble présent pour créer une histoire surprenante et palpitante, la surenchère dont a fait preuve Jane Corry dans cette histoire frôle parfois l’indisgestion. A trop faire palpiter le cœur, on le fait défaillir. Et pour cause, Blood Sisters, c’est une boîte dans une boîte dans une boîte, dans laquelle se trouve encore une boîte dans une boîte. Chacun de ces paquets est coloré, plaisant à découvrir, surprenant aussi, mais à la longue, ils lassent quelque peu faisant perdre au récit une partie de son attrait du début.

Cependant, il ne faut pas se retenir de lire Blood Sisters, car chaque lecteur aura son propre seuil de tolérance face aux rebondissements et aux révélations. Et puis, juste pour Kitty, allez lire ce roman !