« Les Enfants des riches », ou les dérives de faire ami-ami avec sa hiérarchie

Titre : Les Enfants des riches
Auteur : Wu Xiaole
Editions : Rivages
Date de parution : 4 mai 2022
Genre : Roman

Le tableau est simple : Yunxian et son mari Dingguo sont taïwanais. Leur fils Peichen va rentrer en première primaire, dans une école publique, les revenus du couple n’étant pas suffisants pour inscrire leur fils dans le privé. La situation se pimente lorsque les parents du meilleur ami de leur fils, dont le père n’est autre que le patron de Dingguo, leur proposent de payer la scolarité de Peichen, dont l’influence est bénéfique sur leur rejeton. Le couple va accepter sans se douter de l’engrenage dans lequel ils vont tomber…

Oh la mauvaise idée ! Vu de l’extérieur, cette situation de dépendance est inconcevable. Mais quand vous êtes dans un système de compétition pour que la chair de votre chair soit au top dès son plus jeune âge, vous foncez sans réfléchir. D’autant plus que Dingguo, en attente d’une augmentation, veut se faire bien voir par son boss et refuse donc de le décevoir.

Les différences de classes sociales sont abordées par le regard de Yunxian, seule maman de la classe moyenne à être confrontée à l’opulence souvent indécente des autres mères de l’école. Entre rivalité de celui qui recevra le cadeau le plus à la pointe ou surenchère dans les fêtes d’anniversaire, la lutte est très rude. Et quand on a des revenus plus modestes, la concurrence est très difficile à gérer et à expliquer à un enfant de 6 ans.

L’autrice met également l’accent sur la pression que la société taïwanaise huppée exerce tant sur les enfants dont on attend des bulletins exceptionnels – qui feront la fierté de la famille – que sur leurs parents, et plus particulièrement les mères. Pourquoi les mères ? Parce que la plupart de ces femmes n’ont pas besoin de travailler et prennent en charge le « poste éducation » au sein du foyer. Ce qui débouche sur l’ostracisation des quelques mères qui travaillent encore, comme Yunxian.

Cependant, cette dernière parvient à son grand étonnement à se mettre dans la poche Jiaqi, la femme du patron de son mari. Contre toute attente, les deux femmes issues de milieux différents deviennent amies et confidentes. Mais vu les enjeux scolaires et professionnels qui lient les deux familles, Yunxian ne s’avance-t-elle pas sur un terrain trop glissant ? Bien sûr que si ! Mais nous vous laissons découvrir jusqu’où les choses vont déraper.

La morale de cette histoire sent la psychologie à deux balles mais ne retire en rien son caractère véridique et universel : acceptons-nous tels que nous sommes, il ne sortira jamais rien de bon de vouloir ressembler à d’autres dont nous ne partageons pas les valeurs. Sage lecture donc…