« La Maison muette », l’antre de l’horreur

Titre : La Maison muette
Auteur : John Burnside
Editions : Métailié
Collection : Suite écossaise
Date de parution : 25 mars 2021
Genre : Roman

Amateurs de livres feel good, fuyez ! Ce qui va suivre ne vous plaira assurément pas !

En effet, La Maison muette aurait pu s’intituler La Maison de l’horreur. Mais que peut bien renfermer ce roman à la couverture si mignonne ? Tout simplement l’histoire d’un jeune trentenaire qui, dès la première phrase, nous annonce platement qu’il a zigouillé par empoisonnement deux jeunes enfants. Ouf, pas de boucherie, pensez-vous. Que nenni, l’ablation de leur larynx, également évoquée quelques lignes plus bas, vous sera décrite plus tard, désolés…

Il y a donc du sang et des morts, mais La Maison muette n’est pas pour autant un roman policier, même si ce livre se dévore frénétiquement comme un thriller. L’histoire est racontée par cet homme qui séquestre des enfants dans sa maison, afin de les soumettre à des expérimentations basées sur le langage. Le déroulement des recherches de ce scientifique amateur est entrecoupé de souvenirs de son enfance qui nous dévoilent son histoire, son évolution, son rapport à la mort et comment il en est arrivé là. Bienvenue dans une lecture qui trifouille les tréfonds de la psyché humaine…

L’idée brillante du poète et écrivain écossais John Burnside était de confier la narration à son personnage principal. En effet, le ton froid et détaché du jeune homme imprègne tout le récit qui donne une atmosphère non seulement glaciale, mais également malaisante, glauque et malsaine. Le fait que le protagoniste ne soit nommé qu’une seule fois et en toute fin d’ouvrage, ajoute à la déshumanisation de ce Docteur Maboul mégalo, qui a souvent tendance à se prendre pour Dieu.

Aussi, la mise en page est en totale adéquation avec la teinte impersonnelle du roman grâce à l’absence de tirets pour signifier les dialogues et les paragraphes qui sont assez rares. Si cette présentation peut paraître impressionnante en début de lecture, vous vous y accommoderez très vite, l’histoire va littéralement vous happer !

Laissez-vous donc tenter par cette réédition du premier roman de John Burnside, paru initialement en 1997, pour l’habileté de l’auteur à manier si joliment les mots, même s’il nous dépeint les pires atrocités et déviances humaines.