« Les Sept Reliques » (tomes 1 & 2), une quête qui manque de piment

Titre : Les Sept Reliques
Auteur : Joffrey Lebourg
Editions : Saint-Honoré
Date de parution : 4 mars 2021
Genre : Fantasy

Cordélia est une orpheline issue d’une grande famille de marchands. Ignoblement désargentée à la mort de ses parents, elle est logée par un couple qui l’utilise comme domestique. Un jour, alors qu’elle se rend en forêt pour ramener des provisions, Cordélia se retrouve transportée en un lieu où le messager des dieux lui confie une périlleuse mission. Du jour au lendemain, celle que les dieux considèrent comme l’enfant-étoile devient une héroïne qui parcourt les routes afin de réunir les reliques qui lui permettront de vaincre le démon Entropia. Très vite rejointe par deux acolytes ayant traversé la galaxie pour l’accompagner dans sa quête, et protégée par l’esprit de ses parents, Cordélia doit apprendre à se comporter comme l’héroïne que les autres voient en elle si elle veut pouvoir sauver son monde.

Les Sept Reliques est une série présentée comme héritière de l’heroic fantasy. Pourtant, malgré un univers bien construit, ce roman est décevant. Un bon récit nécessite avant tout une intrigue menée avec tact, des informations fournies au moment opportun et une part de mystère afin de tenir le lecteur en haleine. Ici, rien n’est caché au lecteur. Tous les personnages, du plus insignifiant au plus important, sont enclins à raconter leur vie sans retenue ni méfiance. De même, l’histoire de chaque lieu traversé par l’équipe héroïque est détaillée, que cela ait une importance pour le récit ou non. Ce foisonnement d’informations nous indique l’énorme travail de réflexion de l’auteur qui a bâti un univers complexe. Cependant, cela montre une certaine immaturité dans la construction du récit puisque l’auteur semble vouloir tout dévoiler de ce monde qui lui est cher. Cela allonge inutilement le récit et empêche de distinguer l’essentiel de l’accessoire.

Quant à l’intrigue, elle se déroule dans une linéarité déconcertante. La construction de l’histoire s’apparente davantage à celle d’un jeu vidéo qu’à celle d’un roman. Cordélia et ses acolytes avancent inlassablement vers leur objectif (les veilleurs à délivrer). Après quelques embûches facilement écartées, les trois amies affrontent un premier « méchant » afin de délivrer le veilleur. Ce dernier, une fois libre, transmet à Cordélia un élément essentiel pour la suite de son aventure et lui donne une indication sur la route à suivre. Ce schéma se répète encore, faisant perdre toute surprise à la suite de l’histoire. Une telle linéarité est totalement acceptable dans un jeu vidéo, car cela répond aux codes de ce média, mais fait perdre tout intérêt à un roman.

On soulignera malgré tout l’originalité du livre qui propose régulièrement des QR Code donnant accès à des portraits de personnages ou autres images en lien avec le récit. Ce petit ajout moderne rend la lecture interactive et plus attractive essentiellement pour un public jeune.

En conclusion, Les Sept Reliques est un roman bien pensé mais qui manque de maturité. Le travail de l’auteur est présent. Cependant, il nécessite encore un certain dosage que seule l’expérience permet d’acquérir.