L’Affaire Chevreuse, un polar ludique dans le Paris du 17e siècle

Titre : L’Affaire Chevreuse
Autrice : Hélène Clerc-Murgier
Editions : Actes Sud / Chambon Noir
Date de parution : 12 février 2020
Genre : Roman, Policier, Histoire

En 1626, la France attend un dauphin depuis onze ans (le futur Louis XIV mettra encore douze ans de plus à venir). Le cardinal de Richelieu, revenu de disgrâce deux ans plus tôt, et devenu Premier ministre de Louis XIII, s’affirme de plus en plus au sommet de la nation. Il a mis en place une politique anti-espagnole, anti-Habsbourg, réprime les duels et veut renforcer l’autorité de l’État et le pouvoir royal, qui ne doivent faire qu’un. Il place la grandeur de la France et la raison d’État au-dessus des intérêts et privilèges des Grands du royaume – grands princes, grands seigneurs, gouverneurs des provinces – trop orgueilleux, trop influents, et qu’il veut mettre au pas. L’année 1626 est un tournant de l’histoire du pays et pour l’avènement de la monarchie absolue.

La mutinerie s’organise : de nombreux proches de Louis XIII se coalisent pour fonder le « parti de l’aversion ». On conspire à se débarrasser de l’encombrant cardinal et renverser le Roi dans le but de placer son frère Gaston sous la couronne. Pour chapeauter l’insurrection, Marie de Rohan, duchesse de Chevreuse, l’intrigante, la manipulatrice, la corruptrice, l’ensorceleuse, amie d’une Anne d’Autriche négligée par son roi de mari. Cette enjôleuse, prête aux manigances les plus retorses, entreprend l’offensive et se joue de son amant, le pauvre comte de Chalais, pour l’inciter à assassiner Richelieu.

C’est la même année qu’au printemps se produisent dans Paris des meurtres de jeunes hommes, proches de Richelieu et soupçonnés de sodomie. Le puissant prélat s’inquiète, pour lui, pour le Roi, pour la France, et se jure de mettre fin à toute intrigue malfaisante, à faire éclaircir les énigmes, déjouer les complots et punir les séditieux.

Le lieutenant criminel Jacques Chevassut est missionné pour enquêter sur ces morts. Il devra lever le mystère autour de morsures de serpents, de messages en italien accompagnant les décès, subira pressions, intimidations, et l’agression de son adjoint Philippe de May.

C’est Sherlock Holmes chez Alexandre Dumas ; un honnête roman policier où les lavandières parlent comme des lavandières, où les personnages se troublent à une fréquence prodigieuse et où la trahison n’est pas une notion abstraite. On est dans une histoire agréable et facile à lire, c’est prenant, instructif, avec des notes authentiques du vrai journal du médecin royal et les balbutiements d’un genre encore inconnu en France et venu d’Italie qu’on appelle opéra, et qui joue dans ce récit un rôle inattendu.