« Léon Spilliaert », spleen et alchimie

Titre : Léon Spilliaert
Autrice : Eva Bester
Editions : Autrement
Date de parution : 23 septembre 2020
Genre : Essai, Art

Journaliste, Eva Bester a travaillé, entre autres, pour France Culture, Arte et la revue Transfuge. Depuis 2013, sur France Inter, elle anime une émission de radio intitulée « Remèdes à la mélancolie » où elle recueille les confidences de ses invités ainsi que leurs remèdes contre le vague à l’âme. Son thème de prédilection ainsi que son « naturel sombre » lui ont valu le surnom de « Miss Spleen ».

Né à Ostende en 1881 et décédé à Bruxelles en 1946, Léon Spilliaert est l’un des plus célèbres peintres symbolistes belges. Son œuvre, riche et diversifiée, comprend des étendues vides inspirées du paysage ostendais ainsi que de nombreux autoportraits. Son art mélange différentes techniques comme l’encre de Chine, le crayon, le fusain, l’aquarelle, la craie ou la gouache par exemple. La simplification, le minimalisme, l’obscurité et la sensation d’isolement sont des facteurs récurrents et dominants chez l’artiste.

« Spilliaert et moi sommes frères de noir. Ce qui nous différencie, c’est qu’il a du talent, une œuvre et une moustache ». Eva Bester ressuscite Léon Spilliaert pour un hommage court, poétique et éminemment personnel. A chaque ligne, nous ressentons l’alchimie qui unit l’autrice à son « alchimiste ». « Ses paysages sont des asiles, ses portraits, les effigies de nos âmes sombres. Avec ses natures mortes, il transcende le réel et rend le banal fantastique. »

La journaliste est partie sur les traces de son sujet d’étude et les multiples rencontres réalisées ont toujours été un émerveillement. Depuis de nombreuses années, Eva Bester étudie la notion  de « consolation par les arts » et est particulièrement sensible au fait que, dans les travaux de Spilliaert, toute personne qui a déjà « ressenti la morsure du spleen ou de l’angoisse peut trouver une résonance esthétique à ses états d’âme dans l’une des visions du peintre ». Au fil de ce voyage presque initiatique, nous rencontrons d’illustres personnages tels que Lautréamont, Chateaubriand, Poe, Schopenhauer ou encore Nietzsche. Les héritiers de Spilliaert comme Tim Burton ou David Lynch ne sont pas oubliés.

Cet essai est divisé en deux parties : la première présente succinctement le peintre, son art et son âme tourmentée. Les affres inhérentes à la condition humaine, le vertige et, bien sûr, la mélancolie sont autant de thèmes étudiés dans les divers tableaux de l’artiste. Les mots utilisés sont teintés d’humour (noir) et précautionneusement choisis afin de ne pas s’écarter de cette atmosphère d’inquiétante étrangeté si particulière.

La seconde partie présente des œuvres choisies par l’autrice agrémentée de commentaires, pensées ou extraits de livres. Généralement, le tableau est disposé à droite tandis que le texte est de l’autre côté : cet agencement permet au lecteur de s’imprégner de la toile sans être influencé par les mots de l’écrivaine.

La sortie de cet essai coïncide avec l’exposition « Léon Spilliaert (1881 – 1946) : Lumière et solitude » au Musée d’Orsay du 13 octobre 2020 au 10 janvier 2021. Cette exposition se concentre sur les années 1900 à 1919 et présente les « œuvres les plus radicales » de l’artiste.