« Le Réseau Pourpre », un polar qui secoue littéralement les tripes…

Titre : Le Réseau Pourpre
Auteur : Carmen Mola
Editions : Actes Sud
Date de parution : 7 avril 2021
Genre : Polar

La petite particularité de Carmen Mola, l’autrice espagnole du Réseau Pourpre, est qu’elle n’est pas une femme. Elle n’est pas un homme non plus, mais bien le pseudonyme collectif de trois scénaristes qui ont créé le mystère autour de cette romancière fictive. Avant de révéler leurs identités, ils ont prétendu que Carmen Mola était une professeure de mathématiques quinquagénaire. La démarche, critiquée par les uns, saluée par les autres, n’empêche pas Le Réseau Pourpre d’être un bon polar, un très bon polar même, noir comme on les aime.

Venons-en au fait : Elena Blanco est inspectrice et dirige une équipe spéciale d’enquêteurs à Madrid. Leur nouvelle affaire se concentre autour des meurtres de jeunes femmes diffusés en direct sur le dark web par un groupe obscur, le Réseau pourpre. Mais l’inspectrice ne dit pas tout à ses coéquipiers : sur l’une des vidéos, elle a cru reconnaître en la personne d’un des bourreaux, Lucas, son fils enlevé 8 ans auparavant alors qu’il n’était qu’un petit garçon. L’enquête prend évidemment une tournure plus personnelle et éprouvante pour Elena. C’est ici que les choses se gâtent…

Le Réseau Pourpre est le deuxième volet des enquêtes d’Elena Bianco, mais vous pouvez sans problème le lire indépendamment du premier. Une suite, pas encore traduite en français, est déjà sortie en Espagne.

C’est en lisant ce type de polar qu’on se dit qu’il y a plusieurs sortes d’amateurs du genre, et les fans des gentils « cosy mystery » devront passer leur chemin. Cependant, si ce roman est sanglant, il ne l’est pas à outrance. Il y a des tortures, certes, car n’oublions pas que l’univers dont on parle est celui des snuff movies, mais pas décrites sous toutes les coutures. Et si l’on parle du dark web et des salopards qui y officient, il est passionnant de voir comment les trois auteurs sculptent la psychologie des bons et des mauvais et dépeignent la noirceur de l’âme humaine. Ils balayent allègrement les limites infranchissables. Il est notamment effrayant de voir comment l’on peut transformer un être pur et innocent en bête sanguinaire. Mais avouons-le, c’est ça qui nous plaît !

Préparez-vous également à voguer entre le noir et le gris aux côtés de l’inspectrice tourmentée, qui, une fois sa journée terminée, noie son désespoir dans la grappa et les histoires d’une nuit. Les auteurs vous baladent aussi entre deux eaux : celle des beaux quartiers madrilènes et celle des coins les plus glauques de la capitale. Double parallèle assez saisissant.

Dès lors, n’ayez surtout pas peur de vous salir dans cet univers sombre et pervers dont la finesse psychologique vous étonnera. Et puis au pire, si vous êtes trop chamboulé en refermant le livre et voulez vous changer les idées, il y a bien un petit Miss Marple aux meurtres tout proprets qui traîne dans un coin de votre bibliothèque, non ?