« Fin de siècle » : il nous faudrait un plus gros bateau !

Titre : Fin de siècle
Auteur : Sébastien Gendron
Editions : Folio
Date de parution : 15 avril 2021
Genre : Roman noir

Juin 2022. Cela fait maintenant dix ans que le monde sous-marin est en proie à des mégalodons, ces gigantesques ancêtres préhistoriques des requins, disparus depuis un bail. Les bateaux les plus gros ne résistant pas aux quenottes des squales, le commerce maritime est en péril. Cette mystérieuse réapparition entraîne évidemment le chômage des pêcheurs, devenus inactifs sous peine de servir de Zwan aux monstres marins. Mais les pêcheurs n’ont pas dit leur dernier mot. Peu à peu, à force de dynamite et de sacrées doses de courage, ils sont parvenus à « nettoyer » le bassin méditerranéen, redevenu depuis deux ans une piscine géante sans danger, sécurisée par des herses de compète érigées aux endroits stratégiques. Et si les requins ne rôdent plus dans la Méditerranée, une autre espèce refait surface : les milliardaires du monde entier qui peuvent à nouveau faire joujou avec leurs yachts.

Tout ce petit monde se reconstitue peu à peu. Jusqu’au jour où une faille se profile dans une des herses. Le massacre se profile à l’horizon…

Une autre facette effrayante de l’histoire est représentée par…les Hommes. Meurtres (âmes sensibles s’abstenir  : dès les premières pages, c’est un véritable festival d’hémoglobine avec son lot de tendons qui pendouillent aux lames de super couteaux dignes de ceux du Téléachat qui découpent des godasses), fric, dépenses insensées et écœurantes des plus riches pendant que les plus pauvres crèvent de faim et appât du gain démesuré.

Comme il est agréable de lire un auteur qui s’amuse en écrivant ! S’il nous décrit avec force de détails des morts horribles commises par la main humaine ou par les dents animales, Sébastien Gendron a le don de faire passer le tout grâce à sa plume unique extrêmement caustique. Aussi, il prend plaisir à introduire des références cinématographiques en évoquant Steven Spielberg et sa femme, Kate, ou même en dépeignant la diffusion en pleine mer du film Les dents de la mer, juste avant que les mégalodons ne préparent un remake du film avec les spectateurs.

En prenant un peu de recul par rapport à la folie de l’histoire, on est frappés par le ras-le-bol de l’auteur vis-à-vis de l’être humain et de sa bêtise permanente, de son individualisme, de sa capacité d’autodestruction et de son manque d’écoute des scientifiques concernant cette ancienne belle planète devenue la poubelle bleue sur laquelle nous vivons au profit…ben du profit. Alors s’il faut pour éveiller les consciences passer par le déchiquetage du Prince Albert de Monaco et bien tant pis ! On vous a prévenus, cet homme ose tout !

Fin de siècle est une lecture originale, drôle, à prendre au second degré et qui, malgré tout cela, n’est pas exempte de réflexion. Que demander de plus ?