La Diaspora des Desrosiers de Michel Tremblay

auteur : Michel Tremblay
édition : Actes Sud
sortie : novembre 2017
genre : saga familiale

Cette histoire est littéralement l’histoire d’une vie. Celle de Rhéauna, dite Nana, qui au début de l’ouvrage, en 1913, a dix ans. Elle vit avec ses deux petites sœurs, Béa et Alice, chez leurs grands-parents maternels, Joséphine et Méo, au cœur de la campagne canadienne, dans le Saskatchewan. Leur mère, Maria, a été contrainte de laisser ses trois enfants à ses parents, pour aller travailler dans une manufacture de coton à la mort de son mari. Un jour, après plusieurs années d’éloignement, Maria rappelle l’aînée de ses filles auprès d’elle à Montréal. La fillette accomplit un voyage de plusieurs jours pour rejoindre une mère qu’elle n’a que très peu connue. Une décision irrévocable qui l’arrache à une vie douce et champêtre auprès des personnes qui lui sont chères. Pourquoi Maria a-t-elle soudainement besoin de Nana ? Pourquoi sépare-t-elle ses enfants ? Un long périple parsemé de rencontres et de découvertes attend la fillette. Un trajet vers son destin.

Alors là les amis, on tient une fameuse histoire ! Michel Tremblay est un fan absolu d’Emile Zola et de sa chronique des Rougon-Macquart ou encore des Rois maudits de Maurice Druon. Autrement dit, de belles et longues épopées aux personnages inoubliables. Avec sa saga des Desrosiers, il est dans la lignée de ces  auteurs qu’il affectionne tant. On est happé par l’histoire de cette fillette (tiens, Nana, ça ne vous rappelle pas une certaine héroïne de papy Zola ?) qui évolue dans sa vie d’enfant, de jeune femme et de femme au travers des évènements qui ont jalonné l’Histoire. Comme ses aînés, l’auteur nous offre avec cette série, de jolies descriptions immersives dans la patrie de Roch Voisine et un hymne pour chaque personnage. Il met du temps à installer le décor, mais c’est passionnant, instructif, très addictif et surtout sans temps mort. Seul bémol, le format de ce recueil. Neuf romans. Comment dire…ce n’est pas rien ! Vos bras ne vous diront pas merci. Vos épaules sciées par les bretelles de votre sac de navetteur non plus. Mais bon, quand on aime la belle littérature on ne compte pas !

Autre raison pour laquelle il est impensable de passer à côté de cette saga, c’est la plume de son auteur. Michel Tremblay manie à merveille la langue française et nous propose un texte élégant et plein de poésie. Les dialogues sont quant à eux colorés par des expressions québécoises qui bercent le son des pages qu’on tourne avidement. L’auteur pose en outre un œil très sensible et juste sur le monde qui l’entoure et nous livre un récit délicat. On notera également l’amour qu’il porte à la littérature mondiale grâce aux références littéraires qui parcourent son œuvre. Michel Tremblay est définitivement une personne généreuse, simple et érudite. Foncez pour découvrir ce qu’il a dans le ventre, vous ne le regretterez pas.