« La Tombe des Wisigoths », immersion dans le passé du peuple espagnol

Titre : La Tombe des Wisigoths – Entre Buendia, un village de Castille et Alger
Autrice : Stéphanie Ter Meeren
Editions : Vérone
Date de parution : 15 décembre 2021
Genre : Roman

En vacances dans le village de Buendia, en Espagne, Nadia fait une macabre découverte pendant sa promenade matinale. Le retrait des eaux du village a révélé une série d’anciennes tombes wisigothiques et il n’est pas rare de rencontrer des ossements qui font surface. Un squelette présente pourtant une singularité : il porte au poignet une montre moderne et particulièrement chic. La police ouvre alors une enquête pour identifier le corps et trouver les circonstances de sa mort. De nature curieuse, Nadia effectue ses propres recherches. Ses premières consultations des archives locales la mènent très vite sur les traces de la famille de son mari, les Montal. L’histoire de cette famille, qui passe de Buendia à Madrid, de l’Espagne à l’Algérie en passant par la Russie, la Bulgarie et la France, est directement influencée par le vécu de l’Espagne et surtout du peuple espagnol. Nadia va devoir démêler les travers de l’Histoire, les implications des uns et des autres et remonter le cours du XXe siècle afin de comprendre qui est ce mystérieux disparu qui vient de refaire surface.

La Tombe des Wisigoths retrace de façon très intéressante le passé d’une famille dont le destin a été perturbé par les travers de l’Histoire. Installée dans un petit village, la famille migre vers Madrid pour répondre aux aspirations universitaires du père. Confrontés à la montée du franquisme et aux idéologies communistes de certains des enfants de la famille, les Montal sont forcés de quitter Madrid, l’Espagne et leur vie pour recommencer à zéro sur les terres d’Algérie. La modernité s’ouvre à eux, le plaisir de vivre en paix dans la multiculturalité également. Jusqu’à la guerre d’Algérie qui fait changer le climat. La famille doit faire des choix, les liens se distendent, les tensions apparaissent. Les enfants et petits-enfants sont confrontés aux guerres des grands et sont influencés par les choix de leurs parents.

Le récit se lit avec aisance et fluidité. Stéphanie Ter Meeren fait voyager le lecteur à travers les ambiances des différents pays en jouant sur tous nos sens : le parfum des fleurs, et l’atmosphère de la ville transparaissent clairement entre les lignes. On ressent profondément les atmosphères des différents lieux décrits. De même, par le biais de la fiction, ce roman replace les bases de l’Histoire vécue par le peuple espagnol. Une Histoire parfois mal connue dans nos régions de Belgique ou de France. Si l’Espagne a connu dans les années 1930 une montée des extrêmes, comme l’ensemble des pays européens, elle est restée à l’écart de la Seconde Guerre mondiale, le pays étant déjà perturbé par ses conflits internes. Pour l’amateur d’Histoire, ce livre éveille la curiosité sur le vécu d’une nation et incite à en apprendre davantage.

Un seul bémol vient ternir la lecture du roman. L’enquête autour de la découverte de Nadia et de l’identité du squelette apparaît comme un prétexte pour lancer l’histoire de la famille Montal. Assez peu développés, les passages de retour dans le présent finissent par couper le lecteur dans sa progression. De même, les personnages sont particulièrement nombreux et les liens familiaux difficiles à retenir. L’enquête est donc compliquée à suivre et à comprendre, ce qui laisse à la clôture du livre un arrière-goût de « pas assez ». Malgré tout, cela reste une lecture agréable et instructive.