“La Pie voleuse”, le cauchemar de la sous-location…

Titre : La Pie voleuse
Autrice : Elizabeth Day
Editions : 10/18
Date de parution : 20 avril 2023
Genre : Roman

Si vous ne connaissez pas encore le nom d’Elizabeth Day, retenez-le bien, car c’est une autrice de génie ! Elle n’en est pas à ses débuts, que ce soit en terme de fiction ou d’essai, notamment sur l’art d’échouer. Audacieux, non ?

Dans son roman La Pie voleuse, elle nous immerge dans l’intimité d’un couple londonien : Marisa qui approche la trentaine et Jake qui frise la quarantaine. Tout le monde il est beau et heureux, et les amoureux emménagent assez rapidement ensemble. Trop rapidement ? Peu importe quand on regarde dans la même direction. Mais sur le chemin, il y a Annabelle, la grosse embûche. C’est la mère de Jake, la belle-mère dans toute sa splendeur : une pimbêche glaciale et antipathique qui suinte le dédain. Sa proie est toute trouvée : cette Marisa qui lui a volé son petit garçon de 39 ans.

Peu de temps après, une autre personne fait irruption dans leur existence douillette. Il s’agit de Kate, leur nouvelle locataire, qui permettra au couple de mettre un peu de beurre dans les épinards. Aide providentielle qui tombe à point nommé, au moment où Marisa apprend qu’elle est enceinte. Malheureusement, la colocation va commencer à déraper. Kate se montre très à l’aise chez Jake et Marisa, même un peu trop à l’aise, surtout avec Jake. De plus, ses sautes d’humeur incompréhensibles commencent à devenir flippantes. Kate incarne parfaitement ces personnages de téléfilms sur des colocataires démoniaques qui pourrissent la vie de blondinettes américaines. On ne l’aime pas, mais alors pas du tout.

Et puis, au tiers du roman, tout bascule. Une fois que l’autrice nous a bien chauffés à blanc, elle nous tourne et nous retourne comme un steak bien cuit.

Evidemment on ne peut pas vous en dire plus, même si ça nous brûle les doigts sur le clavier ! Mais entre la locataire intrusive, le fils à maman trop mou et la belle-doche qui fait dans l’humiliation de haut niveau, vous allez adorer détester ces personnages. Par moment, vous vous trouverez niais voire même crédule. Cette autrice a du talent !

Notons aussi que dans les moments plus apaisés qui nous donnent l’occasion de souffler un peu, on perçoit cependant que quelque chose cloche sans savoir mettre le doigt dessus. Une gêne ressentie comme une lointaine dissonance dans une jolie mélodie ou un minuscule caillou dans la godasse. On sent pointer une tempête imminente, sans savoir quand elle va péter. Bref, d’un bout à l’autre du livre, un malaise tenace s’installe et ne nous lâche plus.

Nous espérons vivement vous avoir donné envie de dévorer La Pie voleuse, un moment de lecture diablement addictif…