« La Collection inavouable », le long parcours des œuvres spoliées par le IIIe Reich

Titre : La Collection inavouable. De l’entre-deux-guerres aux spoliations du IIIe Reich, le périple d’un extraordinaire trésor artistique 
Auteur : Dimitri Delmas 
Éditions : Flammarion 
Date de parution : 3 mai 2023 
Genre : Histoire de l’art

En 2012, le monde de l’art s’émeut : un nombre important d’œuvres d’art disparues vient d’être retrouvé à Munich. Ces chefs-d’œuvre manquant à l’appel depuis la Seconde Guerre mondiale étaient entreposés dans l’appartement d’un particulier nommé Cornelius Gurlitt. « La Collection inavouable » retrace le parcours impressionnant de ces objets spoliés. 

Largement illustré et doté d’une mise en page soignée et agréable, cet imposant livre d’histoire parvient à plonger le lecteur au cœur des tribulations artistiques de la première moitié du XXe siècle. L’ouvrage est savamment découpé en petits chapitres qui fluidifient la lecture. L’auteur, Dimitri Delmas, offre beaucoup de détails sur chacun des aspects abordés. Ainsi, il explique clairement l’émergence de l’expressionnisme allemand, la censure nazie contre ce qui était appelé « l’art dégénéré », la spoliation des œuvres appartenant aux Juifs, tout en gardant comme point d’ancrage l’implication opportuniste du marchand d’art allemand Hildebrand Gurlitt.

Le livre est le fruit d’un énorme travail de recherche (en témoigne la longue bibliographie en fin d’ouvrage). Néanmoins, on regrettera que l’auteur ne soit ni historien, ni historien de l’art. Et cela se sent. En effet, Dimitri Delmas est auteur et illustrateur. Il publie des ouvrages qui se veulent ludiques. Ainsi, il se laisse parfois aller au sensationnalisme et à des digressions non pertinentes. À plusieurs reprises, Delmas adopte un ton trop romancé en imaginant les pensées intimes de tel ou tel personnage historique. Les sentiments prêtés à ces individus relèvent de la pure imagination de l’écrivain et non pas de l’objectivité historique. Globalement, l’auteur ne fait pas assez preuve de neutralité. Par contre, des planches de bande dessinée de Laureline Mattiussi encadrent l’ouvrage et celles-ci apportent une dimension romanesque intéressante, puisque placées en marge du récit historique.

Pour conclure, « La Collection inavouable » de Dimitri Delmas est un ouvrage captivant qui se distingue de l’aridité de certains livres d’histoire. Toutefois, la liberté d’écriture adoptée par l’auteur peut déranger les lecteurs plus exigeants.