La décision : les enfants du monde à venir au Théâtre National

© Céline Chariot

Texte et mise en scène de Vincent Hennebicq. Composition musicale de Marine Horbaczewski. Avec Jean-Baptiste Szézot, Claudie Alby, Milla Baily, Suzy Chariot Szézot, Albane Delaere, Timothé Grimonpont, Emile Guarini De Ridder, Adam Rharouss, Lydia Souza, Sophia Souza, Eloïse Walem. Du 3 octobre au 7 octobre 2023 au Théâtre National.

Le projet de Vincent Hennebicq, La décision, propose deux arguments rarement exploité au théâtre : une pièce de science-fiction et de faire jouer des enfants sur scène. Ce sont deux arguments plutôt difficile à mettre en plus : pour des questions de moyens d’abord, pour la difficulté de mettre en scène des enfants ensuite. Est-ce que les paris sont réussis ?

D’entrée de jeu, la science-fiction est bien présente sur scène. Le décor semble être un bunker de fin du monde et l’utilisation de la vidéo autour du décor, indique les moments enregistrés par ses occupants à destination du futur. Les enfants sur scène sont en combinaisons futuristes et au centre, un adulte. Ou plutôt un humanoïde. Il dit aux enfants qu’ils sont en 2081, qu’à force de détruire la planète, les gens ont du bouger sans cesse, que ça a provoqué des guerres interminables, qu’il n’y a plus de mémoire sur les serveurs informatiques. Que l’humanité est devenue presque stérile et que chaque naissance est un miracle qu’il faut protéger. Tous les ingrédients d’une histoire postapocalyptique. Tout ce pan du spectacle nous intriguait et a continué à nous intriguer tout du long tant la forme est réussie et réussit, malgré la grandeur de la salle, à nous sentir enfermé dans ce bunker étroit.

La difficulté du projet est plutôt du côté de ce qu’il se passe sur scène. Pour des raisons d’horaires, de possibilités de travail ou simplement de cadre, faire monter sur scène des enfants n’est jamais aisé. Si sur vidéo (il y en a plusieurs dans le spectacle), on peut gommer les défauts pour ne garder que le charme de l’enfance, dans la réalité c’est beaucoup plus difficile. Vincent Hennebicq et Marine Horbaczewski ont été piocher des talents dans des académies de musique et des ateliers ont été réalisé sous la houlette de Jean-Baptiste Szézot qui joue l’humanoïde dans la pièce, la figure tutélaire de ces enfants. Et c’est à ce moment que la pièce divisera. Soit le spectateur tombera sous le charme de cette jeunesse venue faire passer un message d’avenir incertain, gommant les imperfections comme un montage vidéo mental. Soit le spectateur, se focalisera sur les errances de jeu, le manque de volumes de certaines répliques, les fausses notes, etc.

Hier soir, nous étions justement partagé entre ces deux axes qui semblent aussi défendables l’un que l’autre. Dans tous les cas, Hennebicq a réussi le pari de surprendre, de s’aventurer dans un monde théâtral qu’on a pas souvent vu, tout en passant un message important. Pour le reste, il n’y a pas d’autres choix que d’y aller par vous-même et de vous forger votre propre opinion.

A propos Loïc Smars 484 Articles
Fondateur et rédacteur en chef du Suricate Magazine