« La Daronne », Huppert Show

 La Daronne
de Jean-Paul Salomé
Policier, Comédie
Avec Isabelle Huppert, Hippolyte Girardot, Farida Ouchani
Sortie le 9 septembre 2020

Traductrice franco-arabe pour la brigade des Stups parisienne, Patience Portefeux découvre lors d’une écoute que le fils d’une connaissance – l’infirmière dévouée qui s’occupe de sa mère dans un EHPAD – est mêlé à un trafic de drogue. Parvenant à détourner la drogue afin que le jeune homme ne soit pas inquiété, Patience se retrouve malgré elle à la tête d’un immense trafic qui inonde peu à peu les rues de Paris. Surnommée « La Daronne » par les petits trafiquants et par les policiers qui la pourchassent, Patience s’épanouit petit à petit dans ce double jeu.

Pris entre deux feux entre sa prémisse de comédie policière à base de quiproquos et une esthétique pseudo-réaliste aux accents « téléfilmesques », le dernier film de Jean-Paul Salomé (Belphégor, Je me tue à le dire,…) semble principalement vouloir capitaliser sur la présence à son affiche d’une actrice qu’on n’attendait a priori pas là, à savoir Isabelle Huppert, à qui le contre-emploi et la teneur du rôle qu’elle endosse donnent en effet une place prépondérante à la réussite – ou non – du projet. Mettant du cœur à l’ouvrage et prenant ostensiblement une certaine dose de plaisir à jouer dans cette aimable comédie policière qui ne sait pas sur quel pied danser, Isabelle Huppert est effectivement le meilleur atout du film, lequel aurait été probablement banal et attendu avec une actrice habituée à ce type de joyeuseté.

Pour qui trouve le jeu de Huppert – en règle générale – constamment vivant et fascinant, La Daronne est incontestablement un petit plaisir décomplexé, qui permet de se concentrer sans cesse sur l’actrice, tant le reste est insignifiant. À l’inverse, pour qui trouverait insupportable le style de jeu tout de même très marqué et forcément clivant de l’actrice, ce petit polar sans grande ambition mais à l’efficacité primaire serait donc gâché. Quoi qu’il en soit, on se trouve dans les deux cas devant un « véhicule », un projet qui n’existe que pour et par la star qu’il met en valeur et qui le met réciproquement – voire plus encore – en valeur en retour.